Alarmés par trop d’attaques meurtrières, nombre d’Allemands accorderont aujourd’hui leurs suffrages à l’extrême droite qui a réussi à mettre l’immigration au centre de la campagne des législatives. Une préoccupation qui gagne pratiquement toute l’Europe, notamment la France où l’attentat commis samedi à Mulhouse donne au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau l’occasion de dénoncer un fois de plus « les désordres migratoires » qui « sont à l’origine de cet acte terroriste » et de renouveler ses accusations contre l’Algérie.
On connaît les causes de la brouille entre Paris et Alger : la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara occidental, les questions mémorielles, l’affaire Sansal, les essais nucléaires, la non reprise des expulsés. Dix fois, selon Bruno Retailleau, l’Algérien arrêté à Mulhouse avait été refoulé par Alger. Et maintenant Air Algérie « déroge aux accords » entre les deux pays et « exige des laissez-passer consulaires même lorsque les individus prévus au départ sont détenteurs de pièces d’identité en cours de validité », souligne le cabinet du ministre. « Pour les policiers, les reconduites vers l’Algérie, ça devient mission impossible », regrette Laurent Bohé, avocat de policiers lyonnais empêchés d’embarquer par la compagnie algérienne.
Ces problèmes avec l’Algérie permettent à Retailleau, qui apparaît comme le patron du gouvernement, de mener son combat récurrent contre l’immigration et pas seulement l’illégale. Il mélange à dessein immigration, terrorisme, islamisme et crise avec l’Algérie. Il prône le « rapport de force » et convainc : le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a annoncé ce matin qu’un conseil interministériel de contrôle de l’immigration se tiendra mercredi. Il prendra connaissance des rapports des ambassadeurs et décidera d’ « actions vigoureuses » car, a-t-il précisé sur CNews « cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour d’abord sur le territoire national mieux contenir, mieux prévenir les conséquences de cette présence du terroriste islamiste ».
Spécialiste du terrorisme et du renseignement, Claude Moniquet explique que les actes terroristes comme celui de Mulhouse ne sont pas forcément liés à l’immigration. Il rappelle le passé colonial de la France, son action contre le djihadisme dans le Sahel et souligne que «la France est le seul pays en Europe qui s’affirme laïque, c’est insupportable pour les islamistes». On pourrait également mentionner le profil psychiatrique, schizophrénique de bien des auteurs de ce terrorisme low cost.
Interrogé mardi au sénat à propos de la crise franco-algérienne, le chercheur et spécialiste du monde arabe Adlene Mohammedi, affirmait que le sentiment « anti-français » est présent en Algérie, mais également au Maroc et en Tunisie…