La proposition de l’Américain Steve Witkoff de prolonger la première phase de la trêve pendant le Ramadan et la Pâque juive devant être célébrée en avril, semble judicieuse, sage : on laisse se dérouler des moments « sacrés » et l’on reprend… Et cette prolongation de la première phase était prévue par l’accord du 19 janvier si les négociations sur la deuxième phase n’avaient pas abouti. Ce qui est le cas.
On peut cependant douter que la proposition émane bien du représentant de Trump et croire plutôt qu’il n’a fait qu’entériner la demande de Netanyahou qui, forcé en janvier d’accepter l’accord, refuse aujourd’hui d’envisager le retrait de ses forces et exige avant toute négociation la libération de tous les otages, le seul atout du Hamas. Alors que lui et Tsahal n’ont atteint aucun de leurs objectifs, il les maintient : démilitarisation et élimination du Hamas. Impossible, et Bibi le sait, mais l’Amérique de Trump est derrière lui. Marco Rubio vient d’accélérer la livraison d’ une nouvelle aide militaire d’environ 4 milliards de dollars sur les 12 approuvés par l’administration Trump.
Le Hamas, qui n’est pas à l’abri des critiques, demande le strict respect de l’accord du 19 janvier mais a posé lui aussi ses lignes rouges. Il refuse notamment d’être écarté de Gaza et de sa future gouvernance. Elle devait être au centre des négociations de la deuxième phase. Le Hamas a appelé «les médiateurs et la communauté internationale (à) faire pression» sur Israël pour «mettre un terme à ses mesures punitives et immorales contre plus de deux millions de personnes dans la bande de Gaza». Pour faire plier le mouvement islamiste, Netanyahou a suspendu toute entrée de marchandises et d’approvisionnements dans la bande de Gaza.
Et dire que le 15 janvier, Donald Trump se vantait en déclarant que « nous avons accompli tant de choses sans même être à la Maison Blanche. Ce n’est qu’un début » La suite, c’est un clip honteux sur Gaza-plage, la liberté totale accordée à l’Etat hébreu et le mépris affiché pour les palestiniens ?
Le chef d’état-major israélien qui entre en fonctions le 13 mars, Ayal Zamir a déjà dressé ses plans de campagne : 50 000 hommes déployés pour conquérir Gaza et éradiquer le Hamas. On ne parlait pas encore de prolongation de la trêve.
En Ukraine, au Proche Orient, Trump fait primer la force sur le droit. L’ONU redoute un scénario « catastrophique » et, malgré leur fermeté affiche, les pays arabes sont spectateurs plus qu’acteurs.