Israël Katz, ministre israélien de la Défense n’a pas attendu longtemps pour prendre Donald Trump au mot : il a ordonné, ce matin, à l’armée de préparer un plan en vue de permettre aux habitants de Gaza de « partir volontairement ». Il a même suggéré les pays de destination, l’Espagne, l’Irlande qui critiquent le comportement de Tsahal ou encore le Canada ou la Norvège… Pas étonnant de la part de ce « dur parmi les durs » qui, au lendemain de 7 octobre souhaitait que l’on ne donne « plus une seule goutte d’eau » aux Gazaouis “jusqu’à ce qu’ils quittent le territoire.”
A Washington, le président américain maintient l’idée d’une prise de contrôle de la bande de Gaza, mais ses équipes, le secrétaire d’Etat Mark Rubio et la porte-parole Karoline Leavitt, conscients du tollé mondial, ont enclenché la marche arrière : un transfert « temporaire » et pas de troupes américaines, ce que Trump n’excluait pas.
Après la sidération et la vague mondiale de protestation, vient le temps des questions : quel est le but réel de Trump ?
Le 47-eme président des Etats-Unis, promoteur des accords d’Abraham, veut poursuivre sur cette voie pour une stabilité régionale, réconcilier l’Arabie Saoudite et l’Etat hébreu. Il sait que ces deux pays ont un ennemi commun, l’Iran et que pour faire face, Ryad a besoin des armes américaines. Alors, sans le dire, il proposerait, en bon mercantiliste qu’il est, une sorte de deal : MBS aura un plein soutien américain, mais devra s’occuper de la reconstruction à Gaza, du financement et du leadership.
Au-delà, Donald Trump pose la question cruciale de l’avenir des Palestiniens. Dans un bel ensemble, les Européens, la Chine, la Russie et d’autres ont opposé au projet trumpien la « solution à deux Etats », celle préconisée par la résolution 181 de l’ONU, le partage de la Palestine. A chaque fois que la tension monte, elle est évoquée. Quand elle est actée, comme lors des accords d’Oslo, elle est vite ruinée. Côté israélien, comme côté palestinien, le camp de refus l’emporte.
Si les chancelleries reviennent toujours à cette solution à deux Etats, c’est faute de mieux, car elles sont conscientes qu’elle est irréaliste, infaisable. Depuis le 7 octobre, la haine est montée comme jamais et les sondages prouvent que les partisans du partage perdent chaque jour du terrain. D’ailleurs, comment faire avec une Cisjordanie parsemée de colonies juives ? La solution à deux États ressemble à une fiction.
Aujourd’hui, on ne voit pas d’issue. Pour en dégager une, il est indispensable que les gouvernances changent, que Netanyahou, Mahmoud Abbas, le Hamas cèdent la place. Que l’on n’en revienne au principe qui a mené aux accords d’Oslo : « il n’y a pas d’alternative à la paix ».