Grâce à deux centrales d’épuration mises en place fin 2021, les Gazaouis venaient de retrouver, après sept ans, des plages propres. Un plaisir aujourd’hui gâché par des frappes israéliennes, les rues des villes fantômes sont vides de crainte d’y rencontrer la mort portée par les tirs de Tsahal. Un prétexte qui peut paraître léger : après l’arrestation d’un dirigeant du jihad islamique en Cisjordanie en charge du financement, Bassam Saadi, Israël a dit craindre des représailles et a décidé de lancer une opération préventive, Dawn, Aube qui pourrait durer sept jours.
« Ce gouvernement a une politique de tolérance zéro pour toute tentative d’attaque de Gaza vers le territoire israélien » a prévenu le Premier ministre Yair Lapid. « La menace sera éliminée d’une façon ou d’une autre » a surenchéri son ministre de la défense Benny Gantz.
On ne peut que comprendre la résistance légitime des Palestiniens, leur volonté de conquérir leur État, y compris par les armes, mais lancer 100 à 200 roquettes sur Israël est dérisoire, illusoire. Que cherchent les dirigeants du jihad islamique, considéré comme un organisation terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne ? Rivaliser avec le Hamas qui dirige la bande de Gaza ? L’entraîner dans une nouvelle guerre et, avec eux, le Hezbollah libanais, avec le soutien de l’Iran où le général des Gardiens de la révolution, Hussein Salami, a affirmé aujourd’hui que les Palestiniens ne sont « pas seuls ».
Le jihad se vante de pouvoir mobiliser 100 000 combattants, ce qui est plus qu’exagéré, le Hezbollah aussi qui disposerait d’un armement considérable en provenance d’Iran. Aller vers un conflit ouvert serait suicidaire et affecterait en premier lieu ces Gazaouis qui rêvent plutôt de paix, de travail y compris en Israël. En un an, les prix ont augmenté de 20 à 50%. 60% de pauvreté, 50¨%de chômage : la bande de Gaza souhaite vivre… Et le Hamas semble avoir compris que le moment n’était pas au combat…
Et Israël ? Netanyahou et la droite sioniste soutiennent le gouvernement et le pousseraient même à frapper plus fort. Il est clair que pour l’Etat hébreu, et ce ne sont pas seulement des Palestiniens qui le disent, montrer sa force et sa détermination à faire face à toute attaque réelle ou supposée, constitue un atout en période électorale. Les Israéliens sont déjà en campagne pour les législatives du 1er novembre. Le blocus de Gaza aurait aussi un autre but secret : les affrontements qu’il provoque serviraient d’alibi à Israël pour refuser des pourparlers de paix : impossible de négocier avec des extrémistes qui veulent nous rayer de la carte.
Chacun trouverait son avantage dans un conflit de basse intensité qui durerait peu, tout en maintenant la tension. Mais avant de parler de paix, ne faudrait-il pas que les Palestiniens s’unissent. C’est une condition préalable.