Hier 8 mars, Journée internationale des droits de la femme. Je ne sais pourquoi ma mémoire m’a ramené à un souvenir vieux de plus de quatorze ans.
C’était le printemps de l’année 2005 dans la ville européenne de Strasbourg où le hasard de la carrière m’y avait fait jeter l’ancre. L’occasion, comme la journée était belle, on était invités avec tout ce que comptait cette ville européenne de représentants diplomatiques, à assister à l’inauguration d’une sculpture du célèbre artiste Mariano Gonzalès Beltrán, offerte par l’Espagne au Conseil de l’Europe.
L’œuvre intitulée « droits de l’homme » et qui trône aujourd’hui sur le parvis du Palais de l’Europe, représente un cercle d’hommes et de femmes faisant corps face à un danger imminent mais invisible. Mais plus que les hommes, ce sont les femmes qui attirent l’attention. Elles sont représentées sous leur forme maternelle, enceintes ou mères cherchant à protéger leurs enfants en s’opposant au danger guettant leurs progénitures.
Plus tard, lors des prises de paroles, la représentante d’Israël écourta la cérémonie en acculant les autres orateurs au silence, tout en faisant plonger l’auditoire dans une gêne glaciale. La petite dame qui s’était présentée comme une ancienne déportée dit cette petite phrase: » jamais vous ne pourriez imaginer le désarroi et la douleur d’une mère qui se voit incapable de protéger ses enfants ». La cérémonie se termina aussitôt.
Hier, Journée internationale de la femme, la feuille comptable des femmes victimes gazaouies depuis le déclenchement de la guerre israélienne, se clôturait sur ces chiffres terribles et têtues:
-8 900 femmes tuées
-23 000 femmes blessées
-2 100 femmes disparues.
-500 000 femmes déplacées. Les chiffres ont sans doute encore augmenté aujourd’hui.
« Jamais vous ne pourriez imaginer le désarroi et la douleur d’une mère qui se voit incapable de protéger ses enfants ». Je ne sais si l’ancienne rescapée des camps de concentrations est encore vivante. Si c’était le cas, pourrait-elle redire la même phrase avec la même force conviction, alors que la victime d’hier est devenue le bourreau d’aujourd’hui?