En Géorgie, la Russie vient encore de marquer des points contre l’Occident décadent et menaçant » : la commission électorale a annoncé la victoire de Rêve géorgien, le parti pro-russe aux législatives de samedi, 50,08% des suffrages contre 37,58% à la coalition pro-européenne. L’adhésion à l’Union européenne, aspiration inscrite dans la Constitution et partagée par 80% des 4 millions de Géorgiens, s’éloigne.
Dirigé en sous-main par le milliardaire Bidzina Ivanichvili (5 milliards de dollars, soit 25% du PIB du pays), Rêve géorgien est au pouvoir depuis 2012. D’abord favorable à une démocratisation, il a soutenu le rapprochement avec l’Europe et fait élire à la présidence Salomé Zourabichvili en 2018 qui comme lui possède la nationalité française, avant de verser dans l’autoritarisme et de revenir vers Moscou au point qu’on le qualifie aujourd’hui de « marionnette de Poutine ». Il contrôle tout et se porte en garant de la paix : avec lui, aucun risque de voir Moscou envahir le pays. La Géorgie ne sera pas une nouvelle Ukraine.
Il en a joué durant la campagne électorale, affirmant que le vote était une alternative « entre l’esclavage et la liberté, la soumission aux puissances étrangères et la souveraineté, entre la guerre et la paix ». Face à lui, la présidente, ex-ambassadrice de France , faisait valoir que « nous avons un quasi référendum sur le choix entre l’Europe et le retour à un passé incertain russe ».
Ce retour vers le passé a, en fait, commencé avec l’adoption de la loi, qualifiée de « loi russe », sur l’influence étrangère qui vise les ONG et les médias indépendants et celle restreignant les droits des personnes LGBT. Ce printemps, de nombreuses manifestations de protestation avaient été organisées contre le pouvoir, rassemblant beaucoup de jeunes.
Les partis de la coalition européenne, qui avaient annoncé leur victoire sur la foi de sondages sortie des urnes, refusent de reconnaître ” les résultats faussés d’élections volées”. Des incidents et des bourrages d’urnes ont été constatés, mais le parti d’Ivanichvili a usé d’autres moyens, notamment l’intimidation, le chantage à l’emploi auprès notamment des fonctionnaires. Il a aussi fait peur dans les campagnes avec des affiches opposant une Ukraine dévastée à une Géorgie radieuse et prospère. Non à l’ukrainisation de la Géorgie…
Volée ou pas, la victoire n’est pas celle espérée par Rêve géorgien. Le parti visait une majorité des trois quarts qui lui aurait permis de modifier la Constitution. Il n’aurait que 90 des 150 sièges et ne pourrait pas interdire les partis pro-occidentaux, imposer de parti unique.
Des partis de la coalition d’opposition ont appelé à manifester. La jeunesse voudrait toujours lutter « contre la Russie, contre la dictature, pour la liberté et l’Europe ».