Le ministre français des Outre-mer est, ce soir, en Guadeloupe où il était attendu avec impatience surtout après avoir mis sur la table la question de l’autonomie qui, affirme-t-il « n’est certainement pas l’indépendance ». Critiqué à Paris par les oppositions et aussi à Pointe-à-Pitre, le ministre a certes jeté un pavé dans la mare que personne ne souhaitait troubler, mais il ne l’a pas lancé sans réfléchir avec le président Macron. Il n’est pas à côté de la plaque, comme ses opposants voudraient le faire croire, il est, de manière inopinée et brutale, en plein cœur de cible.
Et les propos tenus en Guadeloupe le prouvent. Elie Domota, manœuvrier en chef des manifestations actuelles comme de celles de 2009 a beau dire que le ministre est hors sujet, on peut plutôt entendre cette femme qui, avec nombre de manifestants , pense que « les décideurs locaux doivent prendre les décisions sans passer par Paris ». Ou des élus qui revendiquent une « domiciliation des pouvoirs ». Cela n’a-t-il pas, sans le reconnaître, un parfum d’autonomie.
C‘est bien pour en parler que Sébastien Lecornu a pris ce matin l’avion pour la Guadeloupe pour constater sur place comment « les récentes annonces ont infusé » – report de l’obligation vaccinale pour les soignants avec individualisation des cas, création de 1000 emplois aidé et discussion autour de l’autonomie. Il mettra chacun devant ses responsabilités, ses choix d’avenir. Le ministre précise : « Si on veut s’affranchir de la loi de la République, alors il faut aller au bout de sa logique et que la Guadeloupe ne soit plus un département français. La région -département au statut déjà aménagé refuse, comment 2003 par référendum (73%) d’aller plus loin sur le plan institutionnel mais il faut s’interroger sur ses élus qui n’utilisent pas assez leurs compétences, octroyées en 2015 par la loi NOTRe et préfèrent, finalement, s’en prendre à l’Etat. Il en va ainsi pour le problème de l’eau qui traîne depuis de très longues années avec des pertes d’environ 60% de l’eau potable en raison de la vétusté. L’eau est une compétence locale comme le développement économique ou les aides aux entreprises.
Sébastien Lecornu et les élus locaux parleront bel et bien d’autonomie, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et du social. L’Etat doit davantage tenir compte des spécificités des Antilles et les dirigeants locaux doivent assumer, proposer et ne pas se cacher derrière Paris. Beaucoup de Guadeloupéens pensent qu’ils les abandonnent dès qu’ils sont élus. Si la situation économique et sociale est grave depuis des années, c’est aussi de leur faute. Mardi, le ministre sera en Martinique. Mercredi, il rendra compte au conseil des ministres.