Dans le morne quotidien qu’est le nôtre, alourdi depuis quelques semaines par une accablante chaleur, la merveilleuse sensation d’une fraîche brise est venue encore une fois ce dimanche, depuis le Japon, nous caresser le visage et nous confirmer la naissance d’une belle étoile, d’un fol espoir: Mohamed Ayoub Hafnaoui. Trois médailles dont deux d’or et une d’argent dans le championnat du monde de Fukuoka.
Né dans la ville minière de Metlaoui, dans le sud de cette Tunisie, bien loin de la mer, Hafnaoui est pourtant, déjà, comme un poisson dans l’eau. C’est un miracle comme seul ce petit pays, sait le faire.
Un miracle, dites-vous? Non: une certitude, une évidence même!
Rappelez-vous Mohamed Gammoudi, Habiba Ghribi, Oussama Mellouli ont déjà écrit leur nom aux côtés des plus illustres athlètes du monde venus des plus grands et puissants pays du monde. Sans oublier Ons Jabeur, championne parmi les championnes mondiales qui jouait il y a quelques jours la finale de wimbledon. Et tant de médaillés encore, et tant de héros.
Non, ce n’est pas un miracle, c’est dans l’ordre des choses quand on se rappelle tout ce que ce pays a investi, depuis plus de soixante ans, dans sa jeunesse pour son éducation, pour son épanouissement, pour sa réalisation.
Ce n’est pas un miracle quand on sait l’histoire de ce pays, sa culture et son rôle qui a autant fasciné que façonné dans la région et au-delà, donnant à ce petit territoire la dimension, plusieurs fois assumée, d’un empire.
Ce n’est pas un miracle quand on connaît toutes les qualités et tous les talents dont sa jeunesse, à travers plusieurs millénaires, a été pétrie.
Et pourtant,
On ne peut s’empêcher de crier au miracle en voyant notre Hafnaoui damer le pion aux machines à médailles que sont les nageurs américains et australiens, quand on sait la situation dans laquelle se trouve aujourd’hui notre jeunesse. Une situation qui laisse peu d’espoir entre une école publique en panne, une culture quasi-inexistante, et un projet national à trouver.
C’est un miracle quand on sait que plus de plus de soixante ans après l’indépendance du pays, nombreuses grandes villes n’ont pas de piscine et que nombreux parmi ses jeunes ne connaissent pas encore la mer.
Alors oui, les médailles de Hafnaoui sont les preuves d’un miracle qu’il va falloir s’approprier et normaliser. Pour cela, il faudrait valoriser l’effort et le mérite de ce champion et en faire un exemple présent dans les médias publics afin qu’il puisse inspirer tous les jeunes du pays. Il faudrait construire sur ce succès pour l’avenir de la natation dans notre pays, dont l’histoire est consubstantielle à la mer, à la méditerranée.
Hafnaoui, doit être un exemple, un suscitateur de vocations. Et non pas une exception, un miracle qui passera, comme sont déjà passés les miracles Gammoudi, Ghribi, Mallouli et tous les autres.