Le moment est crucial et les négociateurs qui, à Ryad et au Caire, intensifient efforts et tractations l’espèrent décisif. Deux possibilités : une trêve avec libération d’otages ou l’offensive massive contre Rafah annoncée par Benjamin Netanyahou qui veut détruire Gaza. Mahmoud Abbas, qui n’a guère son mot à dire, connait l’enjeu et presse les Etats-Unis d’empêcher « le plus grand désastre de l’histoire du peuple palestinien ».
Ce lundi, Yahia Sinwar doit donner la réponse du Hamas à la dernière proposition israélienne. L’homme du 7 octobre voudrait un cessez-le-feu permanent et des garanties, mais à l’heure où le monde regarde Rafah avec inquiétude, ne serait-il pas temps pour lui de libérer les otages ? D’ailleurs, combien sont-ils encore ? 129 dont 34 sont morts, selon des sources israéliennes.
Ces otages sont, avec une large empathie internationale, le seul atout du Hamas. Un atout qui peut s’avérer fragile en cas de blocage, de refus de concessions. Si les otages meurent, l’opinion peut s’inverser -y compris celle de gouvernements arabes- et la sympathie revenir du côté israélien. Même s’ils ne veulent plus de leur Premier ministre qui les conduit dans une impasse, les Israéliens crieront vengeance. L’Occident protestera et laissera faire. La proposition de Tel Aviv, dit-on de source israélienne, viserait aussi « l’établissement d’un calme durable à Gaza ». Si c’est exact, les dirigeants du Hamas ne doit-il pas saisir l’occasion pour arrêter un massacre qui commence à lasser les Gazaouis qui tentent de survivre et lui reprochent de les exposer tout en restant « planqués » ?
Tsahal est prête à lancer son offensive massive sur Rafah qui pourrait, en réaction, pousser le Hezbollah à intensifier ses attaques contre Israël. Une situation chaotique, dangereuse pour le Liban et toute la région. Nul n’y gagnerait. La haine grandira encore.
Après plus de six mois de guerre, Israël sait que le Hamas ne sera jamais éradiqué, anéanti. En un sens, le Hamas a donc gagné. Insister ne serait-il pas contreproductif ?
Aujourd’hui, le moment est donc crucial : vers l’apaisement ou vers le pire. Comme le dit Mahmoud Abbas, les Etats-Unis sont le seul pays capable d’empêcher ce pire. Il serait regrettable que, pour des considérations électoralistes, Washington n’agisse pas…