De son Kef natal ( Saket Sidi Youssef), elle garde une franche spontanéité, un attachement au terroir, l’appréciation des produits de qualité.
Hazar Chouabnia, la trentaine, règne déjà en grande maîtresse sur les grandes douceurs de Dar Jeld. Elle est la grande cheffe pâtissière de ce prestigieux haut lieu de la gastronomie tunisienne.
Crainte pour sa rigueur et sa minutie mais admirée et respectée pour son leadership, ses connaissances et sa créativité , la Cheffe Hazar apporte le complément nécessaire à tout bon repas, c’est -à -dire, la pâtisserie. Certains gourmets diraient même qu’ils mangent un repas au fameux restaurant pour se donner l’occasion de déguster un dessert à Dar Jeld.
Nous n’avons pas pu nous empêcher de faire remarquer à notre grande Cheffe que les « Rfiss tounsi », « Zriga », « Balouza », « Assida Zgougou », « Assida Fossdek »… font partie du patrimoine pâtissier tunisien et que ça parait comme faisant partie du passé… Réagissant promptement à notre remarque, la Cheffe Hazar rappelle que « ces desserts constituent l’une des bases de notre patrimoine pâtissier. Tous les tunisiens d’où qu’ils viennent retrouvent un peu de leur enfance dans ces desserts, et tous les étrangers découvrent une saveur nouvelle et différente. Il s’agit donc de sauvegarder ce riche patrimoine, et le meilleur moyen d’y parvenir c’est de l’améliorer sans cesse. »
Modeste, Hazar Chouabnia, ne dit pas l’autre mission dont elle s’acquitte si bien, et qui est celle d’enseigner cette pâtisserie millénaire aux jeunes générations. C’est ainsi d’ailleurs, que entourée de ses apprentis qui se renouvellent sans cesse, qu’elle s’applique à inculquer l’art de la pâtisserie avec une exigence quasi militaire . Et les résultats ne se font pas attendre. Aussi bien au Spa qu’à l’hôtel et restaurant Dar Jeld, les pâtisseries sont recherchées, relayées en photos sur les réseaux sociaux et nourrissent la réputation de Dar Jeld.
Mais préserver le patrimoine pour la Cheffe Hazar, n’est pas faire le « gardien » de quelques recettes, mais de « prendre le risque d’innover quitte à déplaire au début« . Ainsi, a-t-elle créé un gâteau au zgougou (graines de pins d’Alep), qui rencontre un franc succès et qui a bouleversé le code rigide sur cette matière première, traditionnellement réservée à l’assida célébrant la fête du Mouled. La chose pourrait paraître facile, mais ce n’est qu’en apparence. Car , il s’agit d’une utilisation d’abord différente d’une matière difficile ( le zgougou), et d’en tirer ensuite un goût qui échappe à ce que nous connaissons. Pari difficile mais gagné car le gâteau au zgougou est une réussite dans le monde de la pâtisserie tunisienne.
En réussissant ainsi, la cheffe Hazar perpétue une tradition tunisienne, d’une pâtisserie féminine , avec ses secrets , son savoir et son savoir-faire particulier tout étant l’incarnation d’un leadership féminin bien tunisien.