Le 11 mars 2011, un séisme d’intensité 9,1 le plus puissant jamais enregistré au Japon, provoque un puissant tsunami dont les vagues de 30 mètres de haut déferlent sur la centrale nucléaire de Fukushima vite submergée par les eaux. Des villes côtières et des ports sont détruits, des habitants évacués en urgence mais avec un certain retard car le système d’alerte a sous-estimé la violence du séisme et l’ampleur du tsunami. Le bilan, confirmé en décembre 2020, s’élève à 15 899 morts, plus de 90 %, par noyades. Plus de 2 500 personnes sont aussi toujours officiellement portées disparues.
A 14 h 46 (6 h 46 à Tunis), heure du séisme, le Japon s’est figé et a observé une minute de silence suivie à Tokyo d’une cérémonie officielle. L’empereur Naruhito a déclaré que « la magnitude des dégâts causés par la catastrophe est si profonde que la mémoire inoubliable de la tragédie persiste dans mon esprit ». Le premier ministre, Yoshihide Suga a rappelé que « notre nation a vécu plusieurs catastrophes qu’on peut considérer comme des crises nationales », mais que « nos prédécesseurs ont surmonté chaque crise avec courage et espoir. Le Japon regardera toujours vers l’avant ».
A Miyagi, un des trois départements du nord-est les plus meurtris, des opérations de recherche ont été organisées par des habitants qui espèrent encore retrouver un être cher. Les restes d’une femme emportée par le tsunami d’il y a dix ans ont été identifiés la semaine dernière, libérant son fils d’une insoutenable incertitude et lui permettant, enfin, de faire son deuil.
Si les effets de la catastrophe se feront sentir pendant des siècles, aucun cancer ni décès ne serait à ce jour imputable aux radiations. Le Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (Unscear) avait dressé un premier bilan en octobre 2013. Aujourd’hui, après avoir pris en compte les études et travaux publiés au cours des dernières années, ses experts parviennent à la même conclusion : aucun décès ni aucun effet néfaste sur la santé des résidents de la préfecture de Fukushima directement attribuable à l’exposition aux rayonnements n’ont été documentés, et il est peu probable qu’un effet futur sur la santé soit perceptible, écrivent-ils dans un rapport publié mardi. Six cas de travailleurs ayant développé un cancer et une leucémie ont cependant été considérés comme des accidents du travail.
Après la catastrophe, le gouvernement japonais, à l’inverse de Tchernobyl, s’est lancé dans un chantier considérable de décontamination des sols, afin de rendre la zone de nouveau habitable. Mais sur les quelque 160 000 réfugiés, 36 200 vivent toujours ailleurs aujourd’hui. 2% de la superficie de Fukushima reste zone interdite.
Une commission d’enquête parlementaire a conclu en 2012 que la catastrophe avait également été « créée par l’homme » et, en septembre 2020, la justice a affirmé la responsabilité de Tepco, l’exploitant de la centrale, et du gouvernement, ils auraient fait preuve de négligences en ne mettant pas en œuvre les mesures de prévention nécessaires, alors que les risques étaient connus.
Aujourd’hui, le gouvernement ne sait comment éliminer les 1,24 million de mètres cubes d’eau contaminée, chargés en tritium et stockés pour l’instant dans plus d’un millier de citernes géantes près des quatre réacteurs détruits. Ils voudraient la relâcher en mer, comme le font le font la plupart des centrales dans le monde, mais ils se heurtent au refus des pêcheurs et des associations de défense de l’environnement.
Dans deux semaines, le relais de la flamme olympique partira de Fukushima pour rejoindre Tokyo et les Jeux baptisés » Jeux de la reconstruction ».