Oui ou non ? Samedi, l’ayatollah Khamenei exprimait sa colère et refusait la politique d’« intimidation » des Etats-Unis, après la lettre envoyée par Trump pour exiger des négociations sur le nucléaire et menaçant d’une attaque militaire qui serait «une chose terrible pour eux. » Le lendemain, la mission iranienne à l’ONU indiquait sur X que l’Iran pourrait «envisager» des négociations sur son programme nucléaire, à condition qu’elles portent sur une «éventuelle militarisation» et non sur l’arrêt absolu de son développement. Ce lundi matin, on revenait au « non », prononcé cette fois par le ministre des Affaires étrangères Seyed Abbas Araghchi : «le programme d’énergie nucléaire de l’Iran a toujours été et restera toujours entièrement pacifique. Il n’existe donc fondamentalement pas de ‘militarisation potentielle’de ce programme. Nous ne négocierons PAS sous la pression et l’intimidation», a-t-il écrit sur X. «La négociation est différente de l’intimidation et des diktats», a-t-il précisé. La veille, Washington avait annulé une dérogation aux sanctions qui permettait à l’Irak d’acheter de l’électricité à son voisin. « Pression maximale » comme en 2018 quand Trump a sorti son pays de l’accord JPCOA conclu sous Obama. Une rupture qui a isolé l’Iran mais qui a entrainé le dépassement de toutes les limites fixées par le traité qui était respecté. Aujourd’hui, « l’Iran produit chaque mois quasiment assez d’uranium enrichi à 60 % pour construire une arme nucléaire si le taux est porté à 90 % », estime Ali Vaez, spécialiste de l’Iran à l’International Crisis Group.
Pour forcer Téhéran à conclure un deal, l’administration Trump envisage un plan pour perturber les opérations pétrolières de l’Iran en arrêtant les navires transportant du brut iranien en mer.
Cependant, si le pays des mollahs devait répondre oui à Trump, ce sera moins à cause des menaces d’attaques militaires menées avec l’Israël de Netanyahou qui n’attend que cela, mais en raison des difficultés intérieures, de la situation économique jugée « catastrophique ».
En cette période de Ramadan et à l’approche du nouvel an persan, le Norouz, le Grand Bazar de Téhéran est pratiquement vide. « Je n’ai pas pu acheter grand-chose, seulement un paquet de dattes », dit une femme. « J’ai honte de vendre aussi cher » déclare un vendeur qui ajoute « tout le monde se plaint, commerçants comme citoyens. »
Depuis 2019, l’inflation en Iran est supérieure à 30% par an, selon les chiffres de la Banque mondiale. Elle a même atteint 44,5% en 2023, selon les chiffres les plus récents publiés par cette institution située à Washington. La monnaie se déprécie sans cesse…
Des protestations ont lieu tous les jours ou presque, affirme le Conseil national de la résistance iranienne selon qui « le 9 mars 2025, des chauffeurs de camion aux retraités, en passant par les infirmières et les travailleurs du pétrole, les manifestants ont exprimé leur indignation face à l’incapacité du régime clérical à répondre à leurs revendications. Des manifestations avec ce genre de slogans : « Unité, unité contre l’oppression et la corruption ! », « Nos droits ne seront gagnés que dans la rue ! », « Ils ont pillé le fonds de pension et nous ont laissé sans ressources ! »,« Le gouvernement et le parlement mentent au peuple ! »,« Le gaz, l’électricité et les moyens de subsistance ont été volés au peuple ! »
D’autre part, le mouvement « Femme, vie, liberté » se poursuit et Narges Mohammadi, dissidente et lauréate du Prix Nobel de la paix, libérée de prison en décembre dernier, se déclare convaincue que, si la République islamique survit à une guerre, “elle ne survivra pas face aux femmes », a-t-elle ajouté, en référence apparente au risque de conflit entre l’Iran et Israël ou les Etats-Unis.
Pour l’instant, la seule réponse du pouvoir reste la répression. Au moins 975 personnes ont été exécutées l’an dernier.