« Je l’espère, oui, réagissait Nagib Mikati mercredi soir à l’issue de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU qui venait de mettre sur la table une proposition franco-américain, soutenue par d’autres pays, d’ « une trêve de 21 jours sur la frontière entre Israël et le Liban pour donner une chance à la diplomatie ». Le Premier ministre libanais sortant avait décrit les « pratiques brutales de l’ennemi israélien contre notre État et notre peuple libanais… Des pratiques qui non seulement violent la souveraineté du Liban, mais tuent ses civils, jeunes hommes, femmes et enfants, en détruisant les maisons et en forçant les familles à fuir dans des conditions humanitaires difficiles ». Et le secrétaire général, Antonio Guterres avait déploré que « l’enfer se déchaîne sur le Liban ».
Il n’a pas fallu attendre longtemps pour constater qu’une fois de plus, l’Etat hébreu n’en avait que faire de l’ONU et des remontrances de ses alliés. Benjamin Netanyahou n’a même pas répondu. Il s’est contenté de réaffirmer qu’ « Israël utilisera « la force » et « des ruses » contre le Hezbollah jusqu’au retour des habitants du nord d’Israël ». Encore plus catégorique, son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a déclaré a déclaré sur X qu’il n’y aurait « pas de cessez-le-feu dans le nord » et que le combat contre le Hezbollah continuerait « jusqu’à la victoire et jusqu’au retour en toute sécurité des habitants du nord dans leurs foyers ».
Accusé de ne pas se soucier du sort des otages aux mains du Hamas et de refuser tout accord sur Gaza, Netanyahou est plutôt soutenu par l’opinion israélienne en ce qui concerne son offensive contre le Hezbollah car ce mouvement est synonyme d’Iran, le grand ennemi.
« Bibi » sait aussi qu’il joue la survie de son gouvernement et donc la sienne. Son sort dépend du soutien de ses extrémistes suprématistes d’extrême droite. S’il recule, il saute. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, l’a prévenu : « La campagne nord ne doit se terminer que d’une seule façon : l’écrasement du Hezbollah et l’élimination de sa capacité à nuire aux habitants du nord ».
Comment Netanyahou va-t-il tenter de justifier, ce vendredi à la tribune de l’ONU, la détermination guerrière de son pays. Nul doute qu’il va parler de lutte existentielle imposée par l’Iran et qu’il rappellera qu’il agit pour la défense du monde occidental. En avril dernier, après les salves de missiles et de drones lancées par l’Iran contre Israël, il avait exhorté la communauté internationale à « rester unie » face à « l’agression iranienne, qui menace la paix mondiale ». L’an dernier, lors de son discours devant l’Assemblée générale, il s’en était déjà pris une nouvelle fois à sa bête noire et à son programme nucléaire. Il avait même a parlé d’une « menace nucléaire » contre l’Iran, avant que ses services ne retirent ses propos en évoquant un lapsus, « une erreur de lecture ».