C’était presque la fête jeudi soir, ils dansaient en chantant « le peuple exige que les Arabes brûlent ». La police a fini par les disperser à coups de grenades assourdissantes et de tirs de canons à eau comme ils l’avaient fait auparavant pour disperser des jeunes Palestiniens, des résidents de Jérusalem.
Les heurts ne sont pas rares durant le mois de Ramadan et même habituels, mais cette année, les extrémistes israéliens se croient tout permis et ne sont pas la cible première de la police. Pourquoi ce déferlement de haine et de violence?
Le responsable, le coupable est connu: Benjamin Netanyahu. Voulant conserver son poste de Premier ministre à tout prix, il a tendu la main à un parti palestinien et s’est allié aux extrémistes religieux sionistes, à l’extrême droite identitaire. Elle a six élus, elle est incontournable. Une aubaine, un renouveau pour Lehava une organisation qui s’oppose aux mariages mixtes, à toute forme de coexistence, héritière du parti Kach fondé par Meir Kahane -assassiné à New York en 1990 – interdit en 1994 pour racisme et au titre des lois antiterroristes.
Bentzi Gopstein,son président, arrêté au moins une fois en 2020, est toujours en liberté et se sent plus fort que jamais, adoubé en quelque sorte par le Premier ministre même si le président Rivlin a pu dire que ses actions sont « comme les rongeurs qui grignotent sous la fondation démocratique et juive partagée d’Israël ».
Cette année, les heurts ont débuté dès le premier soir du Ramadan quand la police a tenté d’empêcher les jeunes Palestiniens de s’asseoir sur les marches de la porte de Damas après les prières du soir comme le veut la tradition.
Mercredi, des affrontements de rue ont opposé militants palestiniens et jeunes de Lehava, ce qui a conduit Bentzi Gopstein à appeler à manifester jeudi pour défendre « l’honneur national ». La police a laissé faire « au nom de la liberté d’expression ». Sur les réseaux sociaux, les deux camps se sont mobilisés. A « aujourd’hui, on va brûler de l’Arabe, les cocktails Molotov sont déjà prêts » répondait « Par le sang et par l’esprit, nous te délivreront, O Aqsa ». Plus de 120 blessés dont des Israéliens qualifiés de « gauchistes » et une vingtaine de forces de l’ordre.
Netanyahu parle de paix avec ses voisins arabes mais chez lui il a réintroduit et légitimé les pires extrémistes religieux, les racistes. Un danger pour Israël bien plus grand que les menaces extérieures.