Pleinement soutenus et même encouragés par Donald Trump, Benjamin Netanyahou et son gouvernement n’ont plus de limites. Encore totalement exclue il y a quelques semaines, l’annexion de Gaza est revenue à l’ordre du jour. Et l’on redoute, avant, celle de la Cisjordanie. Pour survivre politiquement, pour atteindre son but qu’il voit plus proche que jamais, Bibi ne se soucie plus des règles ni de la démocratie. Il évolue dans une sorte de « dictature à la Trump » où la volonté du gouvernement l’emporte sur le droit, sur la justice.
C’est l’Etat hébreu qui a violé l’accord du 19 janvier et l’a réécrit, s’autorisant des bombardements-massacres, mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a annoncé ce vendredi avoir ordonné à l’armée de «saisir davantage de territoire à Gaza» qui pourra selon lui être «annexé» à Israël si le Hamas ne libère pas les otages.
Le président Isaac Herzog, qui approuvait le Premier ministre, est « troublé par la dure réalité qui se déroule sous nos yeux. Il est impensable de reprendre les combats tout en poursuivant la mission sacrée de rapatrier nos otages».
Impensable sauf pour Netanyahou qui vient de réintégrer l’extrémiste Ben Gvir et les siens dans son gouvernement. Ils retrouvent leurs postes ministériels Il a aussi limogé Ronen Bar, le patron du Shin Bet qui a le tort d’enquêter sur des versements présumés du Qatar à des proches du Premier ministre et sur la responsabilité de celui-ci dans les événements du 7 octobre. La droite ne lui pardonne pas non plus d’avoir parlé de « terrorisme juif ». Son renvoi est contesté devant la Cour suprême.
Des milliers d’Israéliens ont manifestent chaque jour pour protester contre la politique de Netanyahou, qu’ils jugent antidémocratique et appellent à sa démission. Cette dérive autocratique provoque «de profonds clivages au sein de [la] nation» estime le président Herzog et l’ancien président de la Cour suprême, Aharon Barak, alerte sur des décisions laissant « planer sur le pays l’ombre d’une guerre civile».
Israël semble dominé par les extrémistes. Daniella Weiss, 79 ans, activiste et fondatrice du mouvement d’extrême droite Nachala, affirme devant un comité de la Knesset que « quarante caravanes sont prêtes et 800 familles disposées à s’installer dans le nord (de Gaza) dès qu’il sera nettoyé des Gazaouis ». En Cisjordanie, un colon, rabbin de son état, affirme que « les juifs aujourd’hui en Israël doivent être comme des éléphants pour que personne n’essaie de s’en prendre à eux » et ajoute : « nous ne pouvons pas laisser les Arabes rester, même avec un mur. Il faut que l’armée ait tout le contrôle ».
L’impensable deviendrait possible avec un Netanyahou qui, à l’image de Trump, lutte contre « l’Etat profond gangréné par la gauche »…