« Tout le monde, y compris Netanyahu, veut être Premier ministre avec les voix des électeurs arabes » prétend Mansour Abbas, le chef du parti islamiste Ra’am que courtisait Benyamin Netanyahu: il a réussi son pari et, avec ses 4 élus, il se voit en position de faiseur de roi. « Je me tournerai vers tous les élus qui partagent nos principes, je n’en exclurai aucun » répond celui qui le draguait. Même si son Likoud est arrivé largement en tête avec 30 ou 31 sièges, le Premier ministre est en échec et semble incapable de former la coalition de 61 élus qui lui assurerait la majorité et donc de garder son poste. Il serait au mieux à 59. A moins que Ra’am ne le rejoigne, ce qui semble bien difficile. « Nous ne nous assiérions pas avec des racistes qui nous menacent, qui menacent Al Aqsa » entend-on dans le camp de Mansour Abbas; « nous ne siégerons pas avec les partisans du terrorisme qui nient l’existence de l’Etat d’Israël » affirment les dirigeants du parti « Sionisme religieux ». Pareil à Yamina qui refuse tout accord avec un parti arabe.
Dans le « camp du changement » la majorité peut être atteinte avec les voix de Ra’am.
Mansour Abbas se veut avant tout pragmatique. Il s’était opposé aux accords d’Abraham, mais ce qui l’intéresse aujourd’hui, c’est l’argent pour améliorer la vie des arabes israéliens, leurs infrastructures sont inférieures à celles du reste du pays et le taux de criminalité est bien plus fort. « Je ne suis dans la poche de personne », répète Mansour Abbas, il soutiendra celui qui promettra le plus, qui favorisera l’intégration des Arabes israéliens qui le souhaitent.
A Jérusalem, la plupart des commentateurs jugent impossible une alliance avec un parti arabe et se projettent vers une 5e élection en septembre. A moins que Netanyahu ne renonce. L’ancien du Likoud, Gideon Sarr qui soutient aujourd’hui YaIr Lapid et son parti Yesh Atid, deuxième avec 18 élus, affirme que la droite reste nettement majoritaire et que si Netanyahu s’effaçait, il y aurait immédiatement un gouvernement. On prête aussi au camp du changement l’intention de proposer une loi qui empêcherait toute personne impliquée dans des affaires de corruption de devenir Premier ministre…
« Les juifs et les Arabes s’embrassent à Dubaï et ils le feront aussi ici » proclamait Bibi durant la campagne. Aujourd’hui, les pays du Golfe l’ont mis en garde contre la formation d’un gouvernement d’extrême droite.
L’heure est maintenant aux marchandages et Bibi est malin inventif quand il s’agit de garder son pouvoir. Tout peut arriver… Pour les Israéliens, les élections, c’est fini, place à Pessah, la Pâque juive qui commence samedi.
*Les résultats définitifs devraient tomber assez tard ou demain matin.
*A noter pour l’anecdote que Netanyahu a peut-être perdu à cause d’un bug informatique qui a touché les listings: les électeurs n’ont pas pu être relancé pour aller voter-on peut le faire tant que les bureaux de vote sont ouverts- et la participation est en chute à 62,3%. IL manque 450 000 voix à Bibi…