L’Union européenne « a de nouveau un ami à la maison Blanche. Elle est prête à renouer avec un ancien partenaire de confiance, pour donner une nouvelle vie à notre précieuse alliance » se félicite Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. L’enthousiasme est le même à l’Otan et dans toutes les capitales européennes. Un « retour à la normale » après quatre années plus qu’agitées, un retour au multilatéralisme, rejeté par Trump.
« Les Etats-unis sont prêts à guider le monde » mais ils savent aussi qu’ils ne pourront pas « résoudre seuls les problèmes du monde ». Joe Biden va peut-être réitérer cette proposition ce soir à Emmanuel Macron, lors de leur entretien téléphonique, et le Français lui répondra qu’il veut « continuer à être cet allié fiable et disponible pour agir aux côtés des États-Unis ». Les deux hommes évoqueront des actions communes « dans un monde complexe et en mutation », mais la France ne nourrit pas trop d’illusions. Elle se souvient de la dérobade d’Obama quand il s’est agi de frapper la Syrie et des concessions faites à l’Iran, contre l’avis de Paris, lors de la négociation du traité rejeté ensuite par Trump.
Joe Biden et son équipe prônent « le travail ensemble », mais ils ne seront jamais loin du mantra trumpien « America first ». Le multilatéralisme avec la priorité accordée aux… priorités américaines. Le 46 ème président était le vice-président d’Obama qui a clairement orienté l’horizon américain vers le Pacifique, l’Asie. L’Europe ne représentait plus, ne représente plus l’avenir vu de Washington où, finalement, l’Union européenne et son poids économique ne sont guère appréciés.
Vaccinée par quatre années de trumpisme, l’Europe doit poursuivre sur sa voie de construction d’une « autonomie stratégique », d’affirmation de sa puissance qui reste potentielle. La signature, le mois dernier, d’un accord , imparfait, sur les investissements avec la Chine, voulu par une Allemagne dépendante économiquement de ses relations avec Pékin, est un pas dans cette direction.
Un sondage, mené fin 2020 par le Conseil européen pour les relations internationales, indique que près des deux-tiers des Européens interrogés, estiment que leur pays ne devrait pas dépendre de l’aide américaine en cas de crise majeure et que l’Europe devrait s’appuyer davantage sur ses propres moyens de défense. Une bonne partie des Européens est consciente que Joe Biden devra avant tout s’attacher à régler les problèmes de son pays, à rassembler les Américains et que, même s’il a la majorité au Congrès, il aura du mal en raison des profondes divisions de son parti démocrate.
«Le scepticisme l’emporte sur la confiance», commentait le journal allemand Süddeutsche Zeitung».