Le président de la République a procédé à un nouveau remaniement ministériel, par lequel il a nommé 22 nouveaux ministres et secrétaires d’Etat.
Ce « bouleversement » ne manque pas d’interroger autant qu’il éclaire sur la politique et l’appréciation du pouvoir du chef de l’Etat.
D’abord pose-t-il la question de la logique des nominations des membres du gouvernement?
Lorsque q’une femme ou un homme est nommé en tant que ministre, il se saisit d’un marocain, à savoir d’un ensemble de dossiers, de tâches, de missions, à accomplir en conformité avec un programme présidentiel. Un programme souvent établi, par un ensemble de personnes, appartenant à la même structure politique: un parti. Kais Saied a certes, des sensibilités idéologiques, mais il n’appartient à aucun parti politique, à aucune histoire militante, il serait plutôt dans le rejet de cette logique, qui rappelons le, garantit à tous la pluralité des opinions et leurs visibilités dans le pays.
Autrement dit, le chef de l’Etat ne suit pas de programme. Il décide, souvent assez justement d’ailleurs, du problème à résoudre. Cette spontanéité dans l’exercice du pouvoir, ne garantit pas de politique à long terme, d’un suivi et finalement d’une résolution complète du problème posé.
De plus, cette dynamique du pouvoir fait des ministres, de simples exécutants, puisqu’ils ne partagent pas avec le Président une histoire acquise dans le militantisme politique et qu’il n’ont pas non plus un programme clair et précis de ce qui doit être fait. Ils suivent la volonté présidentielle et rendent compte de ce qui a été fait ou pas. Souvent d’ailleurs, ils ne s’expriment pas publiquement. D’ailleurs le Président le revendique sur la base de la Constitution du 25 juillet, qui a instauré un régime hyper présidentialiste , et de fait de lui le seul maître à bord et l’unique maître des horloges.
Ensuite, si le rôle de ministre se trouve vidé de son pouvoir politique, pourquoi en changer maintenant?
A seulement quelques jours du coup d’envoi de l’élection présidentielle? Sachant que traditionnellement, un remaniement se fait après une élection. Qui plus est, cet évènement, bien souvent solennel grâce à la prestation de serment mais également le temps de découvrir les nouveaux ministres, occupera les médias et de ce fait l’opinion publique. N’y aurait-il pas là, une volonté de déplacer l’attention du peuple sur autre chose que la prochaine échéance électorale?
Enfin, un tel changement de ministres à quelques semaines de la présidentielle, serait-il un pied de nez pour nous dire, que le Président, lui, ne changera pas ?