La question pourrait paraître cocasse, loufoque ou complètement absurde ? Et pourtant elle est aussi légitime que son élection à la tête de l’Etat.
Si le pays n’est pas à feux et à sang, il est en larme et à genoux. Le bilan des morts remplaçant insidieusement la rubrique météo, fait état de près de 80 morts par jour dont des enfants depuis l’apparition du variant indien.
Et comme un malheur n’arrive jamais seul, la situation socio-économique va de mal en pis, hausse des prix, grèves, violence policière, stress hydrique …la liste est longue.
C’est ce moment précis que choisit le Président de la République pour nous parler d’un changement de constitution. Consternant.
La vue à Carthage sur le large lui aurait-il fait perdre le sens des réalités ?
Nous sommes alors en droit de nous interroger sur les capacités réelles d’homme d’Etat du président.
En effet qui se veut président ne l’est pas toujours, surtout pour un homme qui n’avait pas de « promesses de campagne » , il semble que nous n’avions pas compris, il faut dire que le langage n’est pas son fort, et que cela se traduit plutôt par absence total de programme, de projet pour la Tunisie.
Qu’à cela ne tienne, peut-être son entourage aurait-il certaines idées ? Rappelons-le, il n’a pas de parti.
Oui Kais Saied est un homme seul. Un homme seul qui prend la tête d’un pays qui porte encore les stigmates de la solitude de ses anciens dirigeants, qui ne voulaient pas partager le pouvoir.
Oui, tout le problème Kais Saied réside là : son avidité du pouvoir.
Chaque pas, voyage, rencontre, discours ou décision est mû par ses ambitions présidentialistes, laissant de côté la réalité sociale, économique, politique ou encore –sa grande responsabilité- diplomatique.
Les exemples abondent : il impose la démission de Fakhfakh pour avoir le pouvoir de le nommer lui-même, quand le nouveau Chef du gouvernement désobeit, il entre dans une rage folle et paralyse tout le pays, ses détracteurs aussi bien politiques que parmi la société civile se retrouvent en prison sur décision de justice –où rappelons le son épouse poursuit tranquillement sa carrière de magistrate, en femme indépendante et surement influenceuse- il intervient à chaque événements ou lieux (prison, Sidi Hssine) où il peut causer du tort à ses rivaux et où il peut trouver un foyer d’électeurs potentiel.
D’ailleurs, ses électeurs, parlons-en ! Ou devrions nous dire sa « cible électorale ». Les habitudes ont la dent dure, et un bon professeur Saied veut les votes des jeunes. C’est même une obsession puisqu’il réclame la participation des jeunes pour le dialogue national. Mais qui sont les jeunes ? C’est un parti ? Un mouvement politique ? Une ONG peut être ? Ce qui est sûr, c’est que c’est une statistique de 36,1 (37,3 pour les femmes) de taux de chômage soit l’assurance d’une désespérance et d’un vote qui ne demande que de la considération. Quand le professeur entrera, ils se lèveront tous.
Enfin dernier défaut et probablement l’un des plus inquiétants puisqu’on ne lui trouve pas de garde-fous…sa paranoïa. « Le Calif qui veut être à la place du Calif », résume assez bien son comportement. Tout le monde veut sa peau ! Tout le monde veut sa place ! Kais Saied est l’homme le plus envié du monde.
Le problème c’est que cette menace qui pèse sur la tête vient de… sa tête. L’histoire du « pain empoisonné » un symbole que ce choix de cette denrée si élémentaire et populaire donnant le baiser de la mort à ce chevaleresque président qui fume des cristal et qui est « si désinteressé »… belle image mais totalement fantasmée puisque l’enquête judiciaire a clôt le dossier.
Toutefois pour ne pas totalement lui jeter la pierre, il faut rappeler qu’il est secondé par sa dame de l’ombre Nadia Akkache, qui par ailleurs ne s’est toujours pas présentée devant la justice pour sa fausse accusation de courrier empoisonné destiné au Président.
Pour conclure, bien qu’il reste énormément à énumérer, Kais Saied se prend pour la Reine d’Angleterre. S’ il n’ a pas les mêmes chapeaux il voudrait pouvoir régner sans gouverner, pour ne pas se mouiller et garantir sa réélection. Mais les turpitudes du pouvoir font qu’il en veut toujours plus et lorgne jalousement son « dauphin » Hichem Mechichi .
Nous pouvons cependant regretter qu’il ne saisisse pas la chance que l’Histoire lui offre, d’être le rassembleur de tous les tunisiens mais il préfère en être le diviseur.
Chronique de Ajdika, du grain à moudre