Un militaire occidental de haut rang s’étonne : « «C’est la première fois qu’un pays envahit officiellement la Russie depuis 1941». Des troupes ukrainiennes ont, en effet, franchi la frontière avec force de blindés mardi matin et avancé depuis de 35 kilomètres, occupant quelque 150 km². Peu et beaucoup à la fois.
Washington, surpris, demande à Kiev quels sont les objectifs de cette percée au moment où les Russes ont toujours l’avantage dans le Donbass. A Moscou, Vladimir Poutine qui n’a pas été tenu au courant par le chef de son armée Valeri Guerassimov qui, lui-même aurait ignoré les avertissements de ses services de renseignement, est en colère et dénonce des « provocations à grande échelle contre des infrastructures civiles ».
Pourquoi cet assaut ? Le conseiller de Zelensky, Mikhaïlov Podoliak, explique que « désormais, une grande partie de la communauté internationale considère la Russie comme une cible légitime pour les opérations de n’importe quel type et avec n’importe quelles armes ». Certes, Kiev voudrait obtenir le feu vert occidental pour frapper où il veut avec les équipements qui arrivent enfin, mais le principal ne semble pas là. Les forces ukrainiennes chercheraient à soulager des secteurs du front menacés, comme autour de Kharkiv, à laisser croire qu’elles peuvent lancer des offensives ou même à avancer encore plus en territoire russe jusqu’à prendre la centrale nucléaire de Koursk, à 50 km de la frontière.
Le but principal de cette offensive serait d’obliger Moscou à réfléchir à de prochaines négociations en montrant que l’Ukraine n’est pas aussi affaiblie que Poutine voulait le croire. Depuis quelques semaines, le président Zelensky parle d’un nouveau round de négociations auquel la Russie serait invité et Podoliak constate que pour faire bouger Moscou, il ne faut pas que le conflit suive le « scénario » établi par les Russes. Cette percée qui a entraîné l’évacuation de milliers de personnes a également pour but de faire prendre conscience aux Russes des souffrances infligées aux populations par la guerre.Stratégie aléatoire, risquée car elle peut pousser le Kremlin qui dispose toujours de davantage de réserves en hommes et en armement à durcir sa guerre, à se lancer dans une escalade. Ce vendredi, une frappe sur un supermarché dans la ville de Kostiantynivka, dans l’est de l’Ukraine, a fait des morts et des blessés.