La Tunisie a beau exprimer son « fort étonnement », dire son respect des résolutions internationales et affirmer que la RASD était aussi invitée à la Ticad par d’autres, notamment l’Union africaine, le président Kaïs Saïed, contrairement au communiqué de son ministre des Affaires étrangères n’a pas maintenu la neutralité tunisienne sur la question du Sahara occidental. Comment peut-il l’affirmer après l’accueil de chef d’Etat réservé à Brahim Ghali ? Accolade chaleureuse et entretien avec celui qu’il avait déjà rencontré le 5 juillet à Alger. Seuls une vingtaine de pays reconnaissent la République arabe sahraouie démocratique et la Tunisie n’en fait pas partie. Son président ne pouvait traiter Brahim Ghali en chef d’Etat.
Kaïs Saïed qui refuse toute ingérence étrangère et fustige, avec une partie de la presse, les déclarations américaines et occidentales sur la démocratie qui reculerait, ne s’aligne-t-il pas sur Alger, s’ingérant indirectement dans les affaires de Rabat et abîmant ainsi les relations tuniso-marocaines ? L’accolade ne traduit-elle pas une prise de position ? KS sait très bien ce qu’il faisait, il n’ignore pas le discours du 20 août de Mohammed VI qui a dit clairement que «le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international. C’est aussi clairement et simplement l’aune qui mesure la sincérité des amitiés et l’efficacité des partenariats qu’il établit.»
La diplomatie tunisienne naguère équilibrée et même brillante, est en chute libre. Décidément, on s’interroge sans cesse sur la ligne présidentielle. Une énigme permanente.
A Paris en décembre dernier, Mustapha Sidi El Bachir, qui venait d’être rétrogradé «ministère des territoires occupés et de la diaspora sahraouie», avouait que «la RASD n’est pas un Etat», que «Brahim Ghali est également un réfugié enregistré sous le nom de Ghali Sid El Mustapha et il n’y a pas de Brahim. Il n’est pas considéré auprès de l’agence des réfugiés comme président d’un Etat ou un haut cadre. Tous les sahraouis sont des réfugiés qui vivent grâce à l’aide de l’Algérie».
En dépliant le tapis rouge pour ce réfugié, ce protégé d’Alger, KS a commis une faute ou acté un changement politique et diplomatique qu’il doit expliquer et assumer.