Demain 14 Janvier, Les Tunisiens ne célébreront pas la Révolution déclenchée il y a 11 ans et qui a permis la mise en place d’un régime démocratique en Tunisie.
En effet, par un simple décret, le Président Saied, qui concentre tous les pouvoirs depuis le 25 juillet entre les mains, a décidé que ce soit le 17 décembre, jour anniversaire de la Révolution. Inutile de rappeler qu’une pareille décision reste difficile à accepter. Elle en dit aussi long sur le processus décisionnel unilatéral et arbitraire de Kais Saied. Il aurait fallu pour le moins engager un débat national pour prendre l’avis du peuple, artisan de cette Révolution, qui a vu tomber des centaines de martyrs ce jour du 14 janvier.
Mais nous les Tunisiens ne fêteront pas le 14 janvier pour une autre raison: l’interdiction d’organiser des manifestations pour cause de Covid-19.
Bien que cela soit un argument de taille, cette pandémie est utilisée pour la seconde fois pour servir le Président Saied. Rappelez-vous le 25 juillet, lorsque, pour justifier ses mesures exceptionnelles, dont le limogeage de Hichem Mechichi, Kais Saied avait invoqué l’argument de l’incurie du Gouvernement qui prévalait dans la lutte contre le virus, alors responsable de dizaines de morts au quotidien.
Ce même argument de la propagation du virus de la Covid-19 est utilisé aujourd’hui pour empêcher les manifestations annoncées depuis quelques jours déja par l’opposition, partis politiques et organisations nationales confondus, pour marquer l’anniversaire du 14 janvier.
Il faut dire que ces manifestations, si elles étaient organisés, auraient revêtu une importance particulière et auraient pris plusieurs significations.
D’abord elles auraient unifié les opposants à la politique de Saied. Elles auraient ensuite cristallisé la contestation contre le décret présidentiel relatif au changement de la date anniversaire de la Révolution. Elles auraient enfin démontré la division sans cesse grandissante au sein du peuple tunisien entre pro et contre la politique présidentielle.
Sauvé par la Covid, Kais Saied ne fait que retarder l’inéluctable rendez-vous avec ses oppposants et les aider, sans le vouloir, à en consolider les rangs et à gangner la bataille de l’image notamment à l’exterieur du pays.