« Gouvernement recherche désespérément moyens de faire plus de 30 milliards d’euros d’économies. Si vous avez des idées, soumettez-les nous ». Le Premier ministre français François Bayrou pourrait faire passer une telle annonce, mais les réponses, qui seraient nombreuses, ne l’aideraient sans doute pas. Car, si chaque Français aurait des propositions à faire, tous, ou presque, souffrent du syndrome Nimby – « Not In My Back Yard », « pas dans mon jardin ». Si les économies sont indispensables, elles doivent toucher les autres…
La France traîne une dette de 3 303 milliards d’euros, 113,7% de son PIB et son déficit public s’élève à 6,1%. Pour rééquilibrer les comptes, deux solutions : augmenter les impôts et baisser les dépenses. Des ministres ont proposé des pistes : travailler sept heures de plus par an sans être payé ou faire passer les retraités à la caisse. Ils participeraient davantage aux dépenses de protection sociale, au financement de la dépendance. Une belle idée de croire que les retraités dont la pension dépasse les 2 000 ou 2 500 euros mensuels sont riches ! Si 62% sont propriétaires, leur niveau de vie est inférieur en moyenne à celui des actifs et ils aident enfants et petits-enfants.
Le Premier ministre, qui faisait voter son budget ce jeudi au Sénat qui lui est acquis, a retiré ces projets : pas de nouveaux impôts pour les classes moyennes, pas de nouvelles taxes pour les entreprises. Il sait que cela sera une autre paire de manches à l’Assemblée nationale où les oppositions rejettent d’emblée un budget qualifié d’austérité qui comprendrait trop de coupes budgétaires. Même le président Macron s’oppose à celle qui frappe le budget du ministère des Sports.
Pour éviter la censure, François Bayrou veut convaincre les socialistes. Les négociations ont commencé, quel sera le prix à payer ? Au-delà du budget, il s’agit de la stabilité politique de la France. Un enjeu plus important pour un pays en voie de déclin économique.
Plus que des solutions à la va-vite, la France doit prendre le temps de revoir le mode de financement des retraites, de la protection sociale, de réfléchir aux dépenses de l’État, au temps de travail inférieur à celui de ses voisins…
Le Premier ministre va continuer à jouer les équilibristes.