L’euro fête ses vingt ans et, après avoir subi maintes critiques, il est définitivement adopté et nul ou presque n’aimerait revenir en arrière. Mais l’Europe, c’est autre chose et, en France, on aime moins l’Union européenne que nos voisins: 75% des Italiens et 78% des Allemands sont fiers d’être européens contre seulement 68% des Français, un chiffre en baisse de 3% par rapport à la précédente étude. Nos deux voisins préfèrent une souveraineté européenne dans le cadre d’une Europe plus intégrée à une Europe des nations avec davantage de souveraineté des Etats, le contraire des Français -40% pour une Europe des nations, 29% pour plus d’intégration et 31% qui ne savent pas.
Emmanuel Macron, au moment où la France prend la présidence de l’Union et commence à vivre une campagne présidentielle n’ignore pas ce désamour entretenu d’ ailleurs par la plupart des prétendants à l’Elysée, pour certains, plus un angle d’attaque contre lui, qu’une réelle opposition à l’UE, sauf bien sûr les Le Pen, Zemmour, Mélenchon et autres candidats extrémistes. En faisant flotter, seul, le drapeau étoilé européen sous l’Arc de triomphe, le président savait parfaitement ce qu’il faisait et risquait. Il entendait provoquer un choc, un choc européen qui attirerait l’attention vers l’Union de nombre de ses concitoyens qui ne s’y intéressent pas vraiment. Et il se démarquait des candidats déclarés qui, par leurs critiques exagérées, politiciennes et électoralistes, lui permettaient de passer à son tour à l’attaque.
C’est ce qu’a fait dès vendredi soir Clément Beaune, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, en précisant que le drapeau bleu n’était là que pour quelques jours afin de marquer le début de la présidence française. Et hier dimanche, il a renvoyé dans leurs cordes les protestataires, Le Pen « outrée » par « une provocation, une offense », Zemmour qui voyait « un outrage » après un saccage et un empaquetage » (gilets jaunes et Cristo), Dupont-Aignan qui dénonçait un « provocateur » et Pécresse qui s’écriait, après eux, « Présider l’Europe oui, effacer l’identité française non! ».
La riposte de Clément Beaune est aussi virulente que les attaques. Rappelant que le drapeau tricolore ne flotte sous l’arc de triomphe que « pour les grandes cérémonies », il s’est emporté : « le drapeau européen a été installé là où il n’y avait rien, donc, ces gens-là qui se disent patriotes, qui sont des patriotes de pacotille, préfèrent le vide au drapeau européen ». Et il a visé principalement la candidate républicaine qui a joué les suiveuses: « Marine Le Pen inspirant monsieur Zemmour inspirant Mme Pécresse et M. Ciotti, puisque mot pour mot dans les communiqués, dans les tweets, les mêmes mots ont été utilisés par Mme Pécresse et par l’extrême droite » mais « ils ont dit n’importe quoi, ils ont menti ». « Nous n’avons jamais, jamais enlevé le drapeau français ». Il force le trait contre Valérie Pécresse qu’il qualifie de « photocopieuse » qui, » »complice de ce dérapage de l’extrême droite » a commis « une faute politique lourde ».
Le drapeau européen a été retiré. Plus tôt que prévu ? Non, assure le secrétaire d’Etat. Peu importe, le but a été atteint. Mais pour Emmanuel Macron, le plus dur reste à faire : montrer qu’il peut faire avancer l’Union, l’idée européenne. Convaincre les 31% qui ne savent pas que l’avenir de la France est dans une Europe plus intégrée et plus solidaire.