L’Union africaine membre permanent du G20 : la nouvelle ne fait peut-être pas la Une de la presse, mais il ne faut surtout pas la sous-estimer d’autant qu’elle vient après un autre événement d’importance, le premier sommet africain sur le climat qui vient de se tenir au Kenya qui a pris de fortes résolutions.
Il y a cinquante ans, le Français Alain Peyrefitte publiait « Quand la Chine s’éveillera ». Bien avant lui, Napoléon avait ajouté, « le monde entier tremblera ». La Chine s’est éveillée et le monde, en pleine mutation, n’est plus le même. Aujourd’hui, c’est l’Afrique qui pourrait s’éveiller et monter au monde qu’il faut compter avec elle au lieu de l’exploiter, de la vassaliser.
Depuis quelques années, l’Europe et principalement le président français Emmanuel Macron répètent que l’Afrique est l’avenir de l’Europe, que leurs destins sont liés, que l’un ne peut réussir sans l’autre. Le temps semble venu de passer de la parole aux actes.
Dans un monde qui ne lutte pas assez contre le changement climatique, la « déclaration de Nairobi » proclame que « l’Afrique possède à la fois le potentiel et l’ambition d’être un élément essentiel de la solution mondiale au changement climatique». Oui, elle peut être une solution tellement elle recèle de richesses, de possibilités. Le continent noir abrite 40% des réserves de cobalt, de manganèse, de platine, des terres rares en abondance. Il peut, demain exporter de l’hydrogène vert, il est avec 25% de sa superficie subsaharienne recouverte de forêts, le deuxième poumon du monde et a quantité de terres agricoles à sa disposition. Des richesses encore inexploitées ou laissées à d’autres…
Mais l’Afrique solution n’existera que si elle met fin à cette réalité qui tend toujours à dominer, celle de l’Afrique victime. Si l’Onu estime que 60% des meilleurs sites solaires sont en Afrique, elle note qu’1% seulement est exploité et que 600 millions de ses 1,4 milliards d’habitants n’ont pas un accès aisé à l’électricité.
L’Afrique compte près de 20% de la population mondiale, mais ne représente que 2% des investissements dans l’énergie propre. Et sa population va doubler d’ici à 2050 alors que 98 millions de ses enfants ne vont pas à l’école au sud du Sahara.
Pour passer du stade de victime à celui de solution, il faut absolument, et la « déclaration de Nairobi » l’affirme, instaurer « une nouvelle architecture du financement », alléger et restructurer la dette. Le coût d’un financement est deux à trois fois plus élevé en Afrique que dans les pays développés. Les sommes engagées en faveur de l’Afrique sont, depuis 2020, de 263 milliards alors que les besoins estimés s’élèvent à 2 800. Et, en plus, les pays industrialisés voudraient interdire aux Africains d’utiliser leur gaz, pétrole, leur énergies fossiles pour leur développement alors qu’eux en ont largement profité…
De tout cela, il sera question en octobre prochain à Marrakech, lors de la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale, institutions dont le fonctionnement doit être réformé.
Pour que l’Afrique s’éveille et compte dans ce monde qui change, elle doit aussi et impérativement, s’orienter vers une meilleure gouvernance.