Espoir, opportunité, retour aux négociations ? La mort de Yahya Sinouar rouvre le champ des possibles et les pressions des Occidentaux – Biden, Macron, Scholz et Starmer- en discutent à Berlin- vont augmenter sur le Premier ministre israélien, mais il est clair que les données de cette nouvelle guerre, née du 7 octobre 2023, n’ont pas fondamentalement changé.
L’élimination du « boucher de Khan Younès » qui abattait froidement les « traîtres palestiniens » et tenait sous sa coupe cruelle les Gazaouis qui, pour la plupart, ne le regrettent pas, ne constituait pas un objectif prioritaire de Netanyahou. Certes, il était une cible mais le but principal de guerre est la destruction totale du Hamas. Il n’est évidemment pas atteint et ne pourra l’être. Pas plus que l’élimination du Hezbollah…
Le « début de la fin » annoncé par Netanyahou, l’appel aux Gazaouis à se débarrasser du Hamas, tout comme celui adressé aux libanais à propos du Hezbollah ne sont que des mots, des formules creuses. Les frappes se sont poursuivies aujourd’hui et continueront tant que tous les otages n’auront pas été libérés. Est-ce, en réalité, une priorité du Premier ministre israélien ? Pas évident d’autant qu’il est toujours « prisonnier volontaire » de Ben Gvir qui a menacé de démissionner si la guerre s’arrêtait, ce qui signifierait chute du gouvernement, voire case prison pour « Bibi ». Au moment où sa cote remonte, il ne va pas s’arrêter tout de suite, ce qui, par ailleurs, favoriserait aux Etats-Unis l’élection de Kamala Harris alors qu’il souhaite le retour de Trump et la relance des accords d’Abraham.
Accentuant son accent messianique, Netanyahou affirme que la liquidation de Sinouar traduit « la victoire du bien sur le mal », « l’obscurité part, la lumière monte »… Cela vise bien sûr l’Iran qui demeure l’ennemi n°1. Des frappes sont toujours attendues.
Téhéran le sait, mais affirme que « l’esprit de résistances sera renforcé ». Le Hezbollah annonce une nouvelle phase d’escalade « plus intensive » avec utilisation de ses missiles à guidage de précision. Le Hamas, lui, déclare qu’ « il ne peut pas être éliminé ».
Des inconnues mais pas vraiment d’optimisme donc au lendemain de l’élimination de Yahya Sinouar. Des Palestiniens, des Libanais, des Israéliens vont continuer à mourir car leurs dirigeants oublient que la seule bataille qui vaille est celle de la paix.