La Commission européenne vise 70% d’Européens vaccinés d’ici la fin de l’été et table sur une montée en puissance des livraisons au deuxième trimestre. Elles pourraient atteindre le rythme moyen de 100 millions de doses par mois d’avril à juin, tous vaccins confondus, mais la question se pose de savoir si Bruxelles n’est pas trop optimiste. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen annonce un accord avec Pfizer pour fournir quatre millions de doses supplémentaires en ce mois de mars, mais la firme suédo-britannique AstraZeneca indique qu’elle va revoir ses livraisons à la baisse car elle ne pourra pas livrer les 30 millions de doses prévues à la fin du mois et seulement 70 des 180 millions du deuxième semestre en raison de restrictions à l’exportation de ses vaccins produits hors Union européenne. De plus, la suspension de ce vaccin dans plusieurs pays et la crainte qu’il suscite risquent bien de ralentir le rythme de la vaccination en attendant l’arrivée du Johnson & Johnson . Et ce n’est pas le seul problème.
Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a levé un lièvre gênant pour la Commission qui négocie au nom des 27. Normalement, les stocks disponibles sont répartis de manière égalitaire entre les pays de l’Union européenne sur la base de leur population respective,mais en réalité ils ne le sont pas, a-t-il affirmé. Et il a cité Malte qui devrait recevoir trois fois plus de vaccins que la Bulgarie par rapport à leur population respective d’ici à fin juin, les Pays-Bas qui seraient aussi avantagés, avec « deux fois plus de doses que la Croatie d’ici fin juin ». La Lettonie serait de même lésée, tandis que l’Autriche se situe dans la moyenne. « Il y a des indications selon lesquelles il existait une instance, un bazar où des accords supplémentaires ont été conclus entre des États membres et des firmes pharmaceutiques ». Sebastian Kurz, qui a partagé des informations avec les dirigeants belge, grec, polonais, slovène et tchèque affirme que « beaucoup n’en croyaient pas leurs oreilles car cela contredit clairement l’objectif politique de l’UE » d’une répartition équitable, a souligné le chancelier.
« Nous devons trouver qui a signé les contrats », a ajouté Sebastian Kurz, soulignant qu’ils étaient « secrets » et qu’il n’avait pu lui-même les consulter. Et de lancer un appel « urgent à la transparence totale ». Un porte-parole de la Commission a seulement reconnu que des gouvernements de l’UE pouvaient faire le choix de s’abstraire des contrats conclus par l’UE avec des fournisseurs spécifiques ou demander de recevoir un vaccin plus qu’un autre». Il peut également y avoir des accords entre États.
L’Autriche, la République tchèque, la Slovénie, la Bulgarie et la Lettonie ont appelé cet après-midi à des discussions sur « d’énormes disparités » de distribution des vaccins « le plus tôt possible » entre les dirigeants de l’UE, dont un sommet est prévu les 25-26 mars.