Souvenez-vous : au lendemain du 7 octobre, du massacre commis par le Hamas, Yoav Gallant, le ministre israélien de la Défense, traitait les Palestiniens d’ « animaux humains » et déclarait que « nous imposons un siège global contre la ville de Gaza. Il n’y a pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau, pas de carburant ». Des propos ignobles, inqualifiables qui traduisaient la détermination violente d’un État hébreu prêt à tout, méprisant totalement les droits des Palestiniens.
Il y a quelques jours, profitant de ce moment où l’élection présidentielle américaine monopolisait l’attention, il a limogé ce ministre en qui, disait-il, il n’avait plus confiance. Gallant, en accord avec des généraux, plaidait pour une trêve dans la bande de Gaza qui aurait pour but de permettre la libération des otages. Ils seraient encore 97, dont peut-être 51 en vie. Et il avait annoncé la mobilisation de 7 000 nouveaux « Haredim », ces ultraorthodoxes qui échappent à la conscription, au service militaire. Une mesure agréée par la Cour suprême, mais refusée par les partis religieux Shass et Judaïsme unifié de la Torah qui menaçaient de quitter la coalition gouvernementale et donc de faire tomber Netanyahou. Trop pour le Premier ministre guerrier qui ne cherche qu’à sauver sa peau. Il remplaçait Gallant par Israël Katz, son ministre des Affaires étrangères, inexpérimenté mais fidèle partisan de la force.
C’en était trop pour une partie de la société qui savait qu’avant le 7 octobre, Gallant s’opposait déjà à la réforme voulue par « Bibi » qui aurait soumis le judiciaire au politique. 52% des Israéliens jugent ce limogeage injustifié, 53% Katz « inapte » et 49% estiment la décision « politique ». Mardi soir, ils étaient nombreux dans les rues à protester contre le limogeage, un manifestant allant jusqu’à soutenir que Gallant était « le moins pire des fascistes du cabinet ». Sur la même longueur d’ondes, Yaïr Lapid, le chef de l’opposition déclarait que « la seule personne en qui on pouvait avoir confiance dans ce gouvernement de fous a été limogée ».
Peu importe ces critiques pour Netanyahou. Il est aux anges : Gallant écarté, Trump élu, il a les mains libres et ses bombes peuvent frapper où il veut. Un bémol cependant qu’il faut rappeler : l’homme qui prendra ses fonctions le 20 janvier est changeant, mû par ses intérêts propres. Le premier ministre israélien ne pourra pas désobéir au président américain de 2025, le snober comme il le fait avec Biden.