A la question toujours posée de savoir jusqu’où ira Vladimir Poutine, s’en greffe une nouvelle : pourra-t-il y aller ? En effet, le retrait de Kherson, même si le Kremlin veut y voir un simple redéploiement et non une défaite, représente un incontestable revers militaire que tous les Russes peuvent constater. Ils ont déjà vu et déploré la mobilisation et les conditions dans lesquelles elle s’est déroulée.
Pour les Ukrainiens, il s’agit d’un premier pas vers une victoire totale qui sera celle de l’Occident sur la Russie. Il ne faut pas rêver trop vite et la guerre continue. L’hiver arrive, qui peut geler les positions durant des mois et permettre à chaque camp de se renforcer. Rien n’est définitivement écrit, mais la majorité des analystes estiment que le maître du Kremlin glisse sur une pente descendante, tellement savonneuse qu’il ne pourra se relever et tombera. Inéluctablement. Coup d’Etat ou assassinat ? Les avis sont partagés et nul n’ose désigner l’homme ou le groupe qui portera le coup fatal.
Vladimir Poutine ne se laissera pas faire et a déjà commencé à écarter ceux qui l’ont trompé en le confortant dans l’idée que son armée allait vaincre rapidement les faibles Ukrainiens dirigés par un comédien sans envergure politique. Mais il ne peut frapper son premier cercle, les Patrouchev, Bortnikov, Choïgou et Kovaltchouk : ils se tiennent tous. Ces derniers se retourneront-ils contre lui pour se protéger, sauver leur peau ? Pas impossible. Les « durs » comme les modérés sont aussi à l’affût, mais il semble que Poutine ne sera lâché qu’au dernier moment…
La montée en puissance du Tchétchène Kadyrov et du « cuisinier » Prigogine, le patron de Wagner, ne constitueraient pas des signes rassurants pour Poutine. Au contraire. Le Tchétchène, guère aimé dans sa République où il massacre et enferme, sait que, privé du soutien de Poutine, il sera menacé. En renforçant son armée, il aide son protecteur et, en même temps, se protège en vue d’éventuels lendemains difficiles. Pareil en ce qui concerne l’homme qui recrute ses mercenaires dans les prisons et dirige des usines à trolls : il montre sa force à ceux qui arriveraient au Kremlin…
Vladimir Poutine espérait une défaite de Joe Biden aux midterms qui revigorerait Trump et pousserait les républicains à imposer une réduction de l’aide à l’Ukraine. Échec là aussi.
Les jours de Poutine seraient donc comptés. Mais on ne sait quand adviendra le dernier. Ni ce qu’il pourrait faire pour l’éviter.