Au lendemain du 7 octobre, el Hezbollah avait fait savoir que son secrétaire général et guide ne s’exprimait que pour annoncer un tournant dans le conflit. Avec un teasing digne d’Hollywood, une vidéo énigmatique de dix secondes, Hassan Nasrallah a indiqué que ce serait ce vendredi à 15 heures. Des millions d’Arabes, le monde entier vont écouter cet homme qui pourrait plonger toute la région dans la guerre.
Le fera-t-il ? Nombre de Palestiniens aimeraient que le Hezbollah, dont les moyens sont sans comparaison avec ceux du Hamas, se lance dans la bataille. Nul ne sait avec certitude ce que Nasrallah va dire, mais, à l’instar de l’Iran qui répète qu’il ne veut pas la guerre et prône un boycott des produits israéliens , il devrait à la fois rassurer les Palestiniens et les Libanais et menacer Israël.
Aux Palestiniens, le leader du Hezbollah affirmera qu’il ne les abandonnera pas et les soutiendra jusqu’à la victoire, sans promettre pour autant qu’il déclenchera un déluge de feu sur l’Etat hébreu. Hassan Nasrallah sait que l’Etat et la majorité des Libanais, y compris une partie des siens, refusent la guerre. La situation économique du pays est trop grave pour risquer le pire et certains font la différence entre l’opposition totale à Israël qui est le but du Hezbollah et la défense des Palestiniens qui n’est pas leur combat et devrait revenir à d’autres.
Et surtout, Nasrallah est conscient de la présence d’une formidable armada américaine -deux porte-avions- qui n’hésiterait pas à frapper fort.
A Israël, Nasrallah pourrait fixer des lignes rouges : si je ne veux pas la guerre, je n’en ai pas peur et mes combattants sont prêts. Tirez sur les villages dans lesquels je demande aux habitants de revenir et le Hezbollah entrera dans cette guerre qu’on lui aura imposée et qu’il gagnera. Prudence et grande fermeté.
Hassan Nasrallah devrait rappeler que « l’axe de la résistance » , puissant et déterminé, mènera la lutte contre Israël avec constance et sans faiblesse.
Le discours réservera sans doute des surprises, mais concernera-t-il vraiment les Gazaouis et l’ensemble des Palestiniens ? Ne sont-ils pas utilisés, instrumentalisés par l’Iran et ses féaux qui, dans le fond, ne se sont jamais préoccupés de leur avenir ? Dans ce jeu politique, géopolitique qui les dépasse, la Turquie revendique un rôle important. En se rapprochant de l’Iran chiite, en reniant sa récente proximité avec Israël, Erdogan se veut le protecteur des sunnites.
Dans cette crise qui viole le droit et les principes humanitaires, il y a beaucoup plus que Gaza…