Fallait-il décerner le prix Nobel de la paix cette année alors que le nombre de guerres et de conflits augmente, 59 en 2023, deux fois plus qu’il y a quinze ans ? L’organisation japonaise récipiendaire Nihon Hidankyo, qui regroupe des survivants des bombardements nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki en 1945 et lutte contre les armes atomiques, est certes estimable mais elle n’a que peu d’échos dans le monde. Cependant, comme nombre de précédents lauréats, elle répond aux vœux d’Alfred Nobel qui voulait que son prix revienne aux personnes ou mouvements qui ont « œuvré pour le bienfait de l’humanité ».
On pensait plutôt que ce Nobel allait être attribué à Volodymyr Zelensky, à l’UNWRA, à Antonio Guterres ou encore au lanceur d’alerte Julian Assange qui sont beaucoup plus sous les projecteurs, mais ce choix de l’organisation des « irradiés » sonne comme un message. Et le comité du Parlement norvégien l’a clairement exprimé : Nihon Hidankyo « reçoit le prix de la paix pour ses efforts en faveur d’un monde sans armes nucléaires et pour avoir démontré, par des témoignages, que les armes nucléaires ne doivent plus jamais être utilisées ».
Un message et une piqure de rappel au moment où Vladimir Poutine et le Nord-coréen Kim Jong-Un menacent sans cesse d’utiliser l’arme atomique, où Israël songe à frapper les sites où l’Iran mettrait au point sa bombe.
Ce prix est donc utile. Il « met l’accent sur la nécessité de maintenir le tabou nucléaire. Et nous avons tous une responsabilité (pour le faire), en particulier les puissances nucléaires », a déclaré le président du comité Nobel. « Aucune arme nucléaire n’a été utilisée dans une guerre depuis près de 80 ans », a-t-il remarqué. « Il est donc alarmant de constater qu’aujourd’hui, ce tabou contre l’utilisation des armes nucléaires est soumis à des pressions », a-t-il souligné.
A Tokyo, Nihon Hidankyo a fait une allusion marquée à l’actualité « chaude », à la Palestine, au Liban qui souffrent comme le Japon à la fin de la seconde guerre mondiale. Son co-président, Toshiyuki Mimaki, a déclaré qu’ « à Gaza, des enfants en sang sont détenus. C’est comme au Japon il y a 80 ans ».
Finalement, ce prix Nobel de la paix est le bienvenu.