En juin, elle écrivait de sa terrible prison d’Evin à Téhéran : « Dites au monde que nous ne sommes pas en prison pour rien et que nous sommes à présent plus forts que nos bourreaux ». En septembre, elle confirmait et disant que « le mouvement » qui « a accéléré le processus de démocratie, de liberté et d’égalité » est désormais « irréversible ».
A Oslo, le comité Nobel norvégien a entendu et distingué la journaliste et militante Narges Mohammadi. Un beau prix Nobel qui a plus de sens que bien des précédents qui apparaissaient plutôt décernés par défaut.
En honorant la combattante iranienne qui a affronté cinq procès depuis 25 ans et qui pense n’avoir « presque aucune perspective de liberté », le comité Nobel met en exergue le « Femme, vie, Liberté » scandé depuis plus d’un an dans les rues iraniennes et, au-delà, le combat de toutes les femmes , dont les Afghanes, qui luttent pour l’égalité, la reconnaissance de leurs droits. Un prix incarné par cette courageuse combattante iranienne mais qui la dépasse.
Dans un communiqué, Narges Hammadi affirme qu’avec ce prix, elle sera « plus résistante, plus déterminée, plus optimiste et plus enthousiaste » et ajoute : « je poursuivrai mon activisme civil aux côtés des opprimés dans nos institutions répressives ».
De toutes parts, sa libération est réclamée. Peu de chances que le régime cède. L’agence Fars, à défaut de réaction officielle, a critiqué un prix obtenu « des mains des occidentaux » en raison de « ses actions contre la sécurité nationale de l’Iran ». Dans leurs discours, le guide suprême, l’ayatollah Khamenei et le président Raïssi répètent que la société iranienne, c’est « la justice et la préservation des droits de l’homme ». Devant l’assemblé générale de l’ONU, Ibrahim Raïssi a affirmé que « l’Occident utilise le droit des femmes pour faire pression sur les pays indépendants et ne comprend rien à la réalité iranienne ». Sa compagne, Jamileh Alamolhoda , a même déclaré à Newsweek que dans son pays, les femmes jouissaient déjà de tous les droits dont elles n’auraient jamais besoin.
Il y a vingt ans, une autre Iranienne, Shirin Ebadi, elle aussi militante des droits humains, avait reçu ce prix Nobel de la paix. Elle a dû s’exiler et les mollahs ont continué, la situation a empiré. Si l’on ne peut croire à un assouplissement volontaire du régime, il faut espérer que ce Nobel assurera une certaine protection à sa lauréate.
Une réflexion : peut-on vraiment parler de Nobel de la paix ? Ne devrait-on pas l’appeler Nobel de la résistance, de la défense des droits humains ?