Les Français ont beaucoup voté dimanche 7 juillet, mais ils ne sont pas beaucoup plus avancés. Ils ne savent pas vraiment qui va gouverner. Les incertitudes, qui ne sont pas levées, les laissent dans l’inconnu. Alors que Macron parlait de clarification quand il a décidé de dissoudre l’Assemblée, la situation n’a jamais été aussi indécise avec une tripartition qui ne donne un avantage décisif à aucun camp.
Les Français n’ont choisi le programme d’aucun camp : le Nouveau Front populaire a beau revendiquer le droit d’ appliquer son programme, « rien que son programme, tout son programme », il ne dispose d’aucune majorité lui permettant de gouverner comme il l’entend et n’est même pas d’accord sur le nom de celui ou de celle qui doit aller à Matignon.
Le camp macroniste, Ensemble, a limité les dégâts et espère débaucher assez d’élus pour former une coalition de gouvernement regroupant plus de députés que le NFP. Dans l’entourage du président et des leaders de renaissance, du Modem et d’Horizons, on téléphone, on discute pour débaucher des Républicains, des élus de gauche. En attendant de savoir comment cela va tourner, Emmanuel Macron se tait. Peut-être quelques mots avant de partir pour les Etats-Unis assister à un sommet de l’Otan. Rien ne presse, Gabriel Attal et ses ministres géreront les « affaires courantes ».
Et après ? Comme l’a dit le Premier ministre, la France entre dans une « nouvelle ère » : rien n’est plus comme avant, aucun schéma connu n’est disponible pour gouverner. Les Allemands, qui se réjouissent de la défaite de l’extrême droite, disent avec une pointe d’ironie que les Français vont « devoir apprendre à être Allemands », c’est-à-dire à bâtir des compromis. Ce serait d’ailleurs le sens profond du vote :finie la domination d’un seul parti, construisez des coalitions… Est-ce possible ? Macron le prônait, il a échoué car il voulait que tout tourne autour de lui…
Aujourd’hui, fragilisé, il n’est plus au centre du jeu. En France, pour la première fois depuis la Ve République, c’est le Parlement qui gagne. Le 7 juin pourrait ainsi marquer la victoire de la démocratie parlementaire. Aux nouveaux élus de se montrer assez intelligents pour comprendre leurs concitoyens, éviter le blocage et la crise qui menace toujours.