« Les pays de notre association sont les moteurs de la croissance économique mondiale. Dans un proche avenir, les Brics feront la croissance du PIB mondial » s’est vanté Vladimir Poutine qui accueille à Kazan le sommet des neuf pays de ce groupe né en 2009. Plus de vingt dirigeants, plus de trente-cinq pays sont présents. « Je ne suis pas isolé, j’ai des alliés, des amis » semble dire le président russe qui pourrait même recevoir le secrétaire général de l’ONU. Un pied de nez aux Américains et aux Européens en même temps qu’un clin d’œil au monde musulman dans cette capitale du Tatarstan où l’islam est implanté depuis plus de 1 300 ans.
Ce « plus grand événement international jamais organisé en Russie » a pour but, selon Iouri Ouchakov, conseiller de Poutine, de construire « brique par brique un pont vers un nouvel ordre mondial », « basé sur le droit international », ajoute Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin. Affirmation qui prête à sourire de la part d’un pays qui a envahi l’Ukraine, intervient dans les élections de ses voisins, comme en Moldavie, et pille, sous prétexte d’aide, les richesses de pays d’Afrique…
Ce sommet qui réunit « le Sud global et l’Orient », aux dires de Ouchakov, ressemble bien à un forum anti-occidental, voire anti-démocratie. Son but principal est la création d’une plateforme de paiements internationaux en monnaie numérique pour contourner le dollar, rivaliser avec le système mondial de paiements Swift dont la Russie est exclue. Une monnaie commune est également envisagée, mais elle n’est pas pour demain, faute d’intégration économique des pays membres. De plus aucun accord contraignant ne lie les pays des Brics, ensemble hétérogène aux intérêts pas toujours convergents, sinon dans la détestation des Etats-Unis.
La Chine, future première puissance économique mondiale, a besoin des Etats-Unis et de l’Europe. L’Inde a des liens solides avec l’Occident et préfère le multi alignement. La Turquie, candidate à l’adhésion et membre de l’OTAN, doit tenir compte des réactions négatives de Washington. L’Arabie Saoudite, acceptée par les Brics, hésite à en devenir le dixième membre. La Russie poursuit d’abord un but politique et ses relations étroites avec l’Iran et la Corée du Nord ne sont pas appréciées par tous. L’Egypte a besoin du FMI et de la Banque mondiale car la Nouvelle Banque de Développement des Brics dont le siège se situe à Shanghai est très loin d’avoir la surface financière de la Banque mondiale, contrairement à ce que prétend le président algérien.
Certes, les Brics+ ont le vent en poupe. Représentant 41% de la population mondiale et plus de 35% du PIB, sa croissance dépasse largement celle des pays du G7, ils forment un ensemble géopolitique qui compte. Mais, ils doivent se « solidifier », ils n’ont ni siège, ni charte, ni secrétariat général. On verra ce qui va être décidé à Kazan, mais pour l’instant, les Brics s’orientent vers une pause dans les adhésions ( 30 à 40 pays candidats) pour grandir « par étapes ».