Ces derniers temps, les journaux militaires russes rappellent que l’ennemi doit toujours douter, se demander si Moscou va utiliser l’arme nucléaire. Et ce jusqu’à passer pour fou. C’est dans ce contexte que Vladimir Poutine a rappelé que « dans les prochains mois, nous allons transférer à la Biélorussie des systèmes de missile tactique Iskander-M, qui peuvent utiliser des missiles balistiques ou de croisière, dans leurs versions conventionnelle et nucléaire ». En mai, Alexandre Loukachenko avait demandé de telles armes et des avions capables de les transporter. Le 27 février, plus de 65% des Biélorusses ont approuvé une nouvelle Constitution qui fait disparaître l’obligation de rester une « zone sans nucléaire ». Trois jours plus tôt, l’armée russe avait envahi l’Ukraine à partir de la Biélorussie. Le vassal ne peut rien refuser à son suzerain qui a empêché son renversement par un peuple rêvant de démocratie.
Rien ne permet de dire que Poutine songe à utiliser l’arme nucléaire ou forcer Loukachenko à le faire pour pouvoir affirmer que la Russie n’y est pour rien, mais il faut souligner le changement de ton de Moscou sur l’adhésion, qui n’est pas pour demain, de l’Ukraine à l’Union européenne. Après avoir indiqué que cela ne lui posait pas de problèmes, le ministère des Affaires étrangères a parlé d’une « approche agressive de l’Union européenne » qui a le potentiel de créer de nouveaux schismes et de nouvelles crises bien plus profondes en Europe » et dès lors menacer la survie de la Russie.
Kiev veut voir dans cette déclaration une preuve de « faiblesse » de Moscou réduit à menacer car incapable de gagner la guerre qu’il a déclenchée. Peut-être, mais la doctrine nucléaire établie en 2020 laisse entendre que la Russie, pour défendre sa survie, serait en droit d’utiliser des missiles nucléaires tactiques, tirer des obus nucléaires – s’ils existent vraiment. Ces armes d’une faible puissance, moins que les 15 kilotonnes d’Hiroshima, seraient, selon plusieurs experts militaires occidentaux, considérées par l’armée russe comme le dernier moyen conventionnel et non pas comme une attaque nucléaire…
Preuve de faiblesse ou affichage de puissance, l’avenir le dira. En attendant, le « patron » va visiter d’autres de ses affidés, le Tadjik Imomali Rakhmon et le Turkmène Serdar Berdymoukhammedov. A son retour, il accueillera le président indonésien Joko Widodo. Là, l’objectif sera différent : attirer ce quatrième pays le plus peuplé du monde, à majorité musulmane, dans l’« alliance » sino-russe pour lutter contre le leadership du monde occidental. Une autre offensive… Les BRICS semblent déjà mobilisés, l’Afrique est visée… Le G7, réuni en Allemagne, lance une initiative pour riposter à la Chine, alliée-rivale de la Russie…