45% des Israéliens le considèrent comme le plus capable d’être Premier ministre, poste qu’il occupe depuis 2009 et qu’il avait déjà connu de 1996 à 1999. Dans tous les domaines, il est jugé le plus compétent que ce soit pour gérer la pandémie, assurer la sécurité ou développer l’économie. Son rival, le centriste Yaïr Lapid arrive loin derrière. Le Likoud, parti de Bibi, est donné en tête avec une trentaine de sièges demain lors des quatrièmes législatives en moins de deux ans contre un peu moins de vingt à Yesh Atid, il y a un avenir, de Lapid qui fut naguère un éphémère ministre de Netanyahu.
Malgré ces chiffres qui laissent croire à un succès facile, rien n’est écrit et près d’un tiers des six millions d’électeurs pensent déjà à un cinquième tour. Dans l’autre plateau de la balance, le procès pour « corruption » et « abus de pouvoir » ouvert contre le Premier ministre pèse lourd. Depuis trente-huit semaines, des milliers de manifestants se retrouvent tous les samedi soir devant la résidence de Netanyahu lui criant « Pars ». Et il y a le système électoral: une bonne quinzaine de partis se disputent les 120 sièges lors d’un scrutin à la proportionnelle; la barre est fixée à 3,25% des voix, l’atteindre procure quatre sièges. Pour former un gouvernement, il faut la majorité, donc au moins 61 sièges. Pas évident quand le vainqueur n’en compte que la moitié. Plusieurs partis sont donnés autour de ce seuil de 3,25 dont Bleu-Blanc de Benny Gantz qui était il y a deux ans l’égal de Bibi. Difficile de faire des prévisions.
Pour former une coalition, Bibi s’allierait a la droite, à l’extrême droite et aux partis religieux dont le nouveau, « Sionisme religieux » dirigé par un homophobe d’extrême droite qui pourrait remporter 5 sièges. Yaïr Lapid s’appuierait sur le centre, la gauche et les déçus de la droite. C’est cette droite, fidèle ou non, qui jouerait les faiseurs de roi, notamment Yamina de Naftali Bennet qui s’est engagé à ne pas rejoindre Yaïr Lapid et aurait dix députés. Israël Beitenou d’Avigdor Liberman aime cette position centrale et, avec huit élus, a déjà fait pencher la balance en fonction de ses intérêts.
Et les Palestiniens qui représentent 20% de la population? On les appelle Arabes israéliens et la »liste unifiée » qui les représente est la troisième formation de la Knesset avec onze élus. Les sondages lui en accordent dix. Jamais, elle n’a fait partie d’une coalition gouvernementale. Pas question pour elle de s’allier aux occupants, pas possible pour les autres partis de gouverner avec des gens accusés de soutenir le terrorisme. En 2015, Bibi avait déclaré que le jour des élections «des hordes d’Arabes descendent dans les bureaux de vote » pour contrer la droite. Cette année, à l’affût de la moindre voix, il a changé de ton. Il est venu quinze fois dans des communautés arabes alors qu’on ne l’y avait vu qu’une fois auparavant et il se fait appeler Abu Yaïr. Il a même débauché au moins un élu en lui faisant des promesses. « Le fait qu’il puisse juste claquer des doigts et dire ‘maintenant on travaille avec les Arabes’ montre que toute une partie de son camp accepte déjà cette réalité », analyse Avraham Burg, ancien député travailliste et ex-président de la Knesset, et ardent défenseur d’un partenariat politique entre Arabes et Juifs. Selon un sondage réalisé par l’université de Tel-Aviv en partenariat avec une fondation allemande, 46% des Palestiniens d’Israël voudraient que les partis qui les représentent rejoignent une coalition gouvernementale. Un habitant fait remarquer: « Nous sommes Palestiniens le matin au café et le week-end. Mais le reste du temps, on vit dans l’État juif. »
Bibi, dans sa course aux voix a également été vu avec des migrants éthiopiens, des bédouins du Néguev ou dans le souk de Nazareth. Les derniers sondages le donnaient sans majorité, bloqué à 60, comme Lapid.