Monumental, mémorable, incroyable, surréaliste, époustouflant, étourdissant, fou, intense, dingue, rocambolesque, hallucinant, historique : les qualificatifs ne manquent pas pour décrire ce match d’anthologie, de légende, cette finale qui restera dans les annales du mondial.
Les Argentins ont mérité ce titre qui leur échappait depuis 36 ans et la « main de Dieu » de Maradona. Les Français, invisibles pendant 75 minutes, ont failli réaliser un hold-up inespéré à la dernière minute. Leurs cadres, surtout Griezmann et Giroud, impeccables jusqu’à cette finale, ont été trahis par leurs émotions… Ils sont passés à côté.
L’Argentine n’est pas le seul vainqueur de ce mondial. Le Qatar a, lui aussi, gagné: une compétition bien organisée, sans aucun débordement. Une victoire du monde arabe, une victoire politique, diplomatique marquée notamment par la réconciliation avec l’Arabie Saoudite. Les appels au boycott ont vite été oubliés après un départ assez laborieux de la compétition…
Un troisième vainqueur est à saluer : le Maroc qui a hissé l’Afrique dans le dernier carré. Impensable il y a encore un mois. Aujourd’hui, le quotidien sportif L’Équipe installe trois joueurs chérifiens dans l’équipe type : Hakimi, Saïss et Amrabat. Et classe le Maroc meilleure équipe devant l’Angleterre et la France.
Cette finale est aussi inoubliable en ce sens qu’elle acte une relève dans le football mondial : Lionel Messi, porté au sommet, qui soulève enfin le trophée qui lui échappait inscrit son nom dans l’histoire et voit son successeur sacré meilleur buteur et battre des records à la veille de ses 24 ans, Kylian Mbappé. Les deux jouent dans le même club, le Paris Saint Germain, propriété du… Qatar. Ils ont marqué cinq des six buts, le sixième étant l’œuvre d’un ancien du PSG, Angel di Maria.
Ces succès, ces faits marquants ne peuvent écarter les interrogations, voire des soupçons. Avant le début de la compétition, des voix s’élevaient pour affirmer que la Fifa voulait la victoire de l’Albiceleste et bien des commentateurs se sont étonnés de décisions arbitrales. Vincent Duluc, le « patron » du football à L’Equipe, écrit que l’arbitre de la finale « n’a pas eu une envie folle de faire son boulot ». La main des arbitres après la main de Dieu ?
Et puis, il y a ce virus qui a frappé plusieurs joueurs tricolores. Le journaliste britannique Piers Morgan, qui ne recule devant aucune polémique, a balancé en pleine finale alors que l’Angleterre menait 2 à 0 : « ce n’était pas un virus, l’équipe de France a été délibérément empoisonnée ». Sans chercher d’excuses, Didier Deschamps souligne seulement « qu’on n’avait pas le dynamisme qu’on a eu jusqu’à maintenant ».
Oui, le monde du football souhaitait que Messi soulève la coupe. Non, le septuple ballon d’or n’a pas triché, Scaloni et son équipe non plus. L’Argentine est un beau vainqueur. On peut seulement regretter certains mots argentins prononcés dans l’euphorie de la victoire, surtout celui du gardien Emiliano Martinez demandant « une minute de silence pour Mbappé qui est mort ». Sûr que le héros de tout un peuple qui a rejoint Maradona n’a pas apprécié.