Mardi soir, le ministre de l’Enseignement supérieur afghan, Neda Mohammad Nadeem, a ordonné à toutes les universités publiques et privées d’empêcher les étudiantes de suivre des cours pour une durée indéterminée.
Jeudi, il a dit avoir pris cette cette décision car les « étudiantes qui se rendaient à l’université (…) ne respectaient pas les instructions sur le hijab. Le hijab est obligatoire dans l’islam », a insisté le ministre de l’Enseignement supérieur, faisant référence à l’obligation faite aux femmes en Afghanistan de se couvrir le visage et entièrement le corps.
Selon lui, les filles qui étudiaient dans une province éloignée de leur domicile « ne voyageaient pas non plus avec un « mahram », un accompagnateur masculin adulte ».
« Notre honneur afghan ne permet pas qu’une jeune femme musulmane d’une province se retrouve dans une province éloignée sans que son père, son frère ou son mari l’accompagne », a-t-il déclaré à la télévision d’Etat.
Pour le responsable taliban, certaines matières n’étaient également pas adaptées : « l’ingénierie, l’agriculture et certains autres cours ne correspondent pas à la dignité et à l’honneur des étudiantes et aussi à la culture afghane ».
Les madrassas (écoles coraniques) situées à l’intérieur des mosquées et qui accueillaient des étudiantes ont également été fermées, a précisé M. Nadeem.
« Crime contre l’humanité »
Cette interdiction a suscité de nombreuses condamnations à l’échelle internationale. Jeudi, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont ainsi estimé que les mesures prises à l’encontre des femmes étaient susceptibles d’équivaloir à « un crime contre l’humanité ».
L’Unesco a, le même jour, « fermement » condamné l’interdiction faite aux femmes d’accéder aux universités, dénonçant « une profonde violation de la dignité humaine et du droit fondamental à l’éducation ».
La veille, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) avait jugé que cela « portait gravement atteinte à la crédibilité du gouvernement ».
Dans son interview télévisée, M. Nadeem a quant à lui demandé à la communauté internationale de « ne pas s’ingérer » dans les affaires intérieures de son pays.
Manifestations
Jeudi matin, une vingtaine d’Afghanes ont défié le régime en manifestant dans une rue de Kaboul pour défendre leur droit à étudier.
Certaines ont été arrêtées par des policières, a assuré à l’AFP une manifestante sous couvert d’anonymat. Deux ont été libérées dans la journée, mais plusieurs sont restées en détention, a-t-elle ajouté.
Initialement prévu devant le campus de la capitale afghane, le plus important et le plus prestigieux, le rassemblement a dû être déplacé en raison du déploiement de nombreux membres armés des forces de sécurité.