Depuis le début de la guerre en Ukraine, Vladimir Poutine et ses acolytes ont, au moins 130 fois, insisté sur la menace nucléaire due , bien sûr, à l’Occident, à l’Otan menaçante. La possibilité d’une troisième guerre mondiale. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump répète qu’ « on pourrait avoir la troisième guerre mondiale » en Europe si lui, qui est le seul à pouvoir le faire, n’arrêtait pas le conflit, ne ramenait pas la paix qui lui permettrait de faire des affaires juteuses avec la Russie.
L’Union européenne et la Grande Bretagne se sont enfin réveillés et ont décidé de se réarmer pour faire face aux potentielles menaces. La présidente de la Commission européenne a présenté un plan afin « de mobiliser près de 800 milliards d’euros en dépenses d’armement pour une Europe sûre et résiliente », dont 150 milliards de prêts. Et Paris et Londres envisagent d’envoyer en Ukraine un contingent d’observation et non de combattants, pour garantir la paix durable qui aura été signée.
Contrairement à ce que l’on peut lire sur les réseaux sociaux, notamment en France ou en Allemagne, aucun dirigeant sérieux n’envisage de blindés russes déferlant sur Berlin et Paris, mais soulève des interrogations cruciales sur l’avenir. La Russie de Poutine est effectivement devenue une puissance impérialiste révisionniste qui mène une guerre hybride contre ses voisins. Pas de bombes nucléaires car ce ne sont pas des armes de guerre, mais de destruction totale, de « suicide », mais des cyberattaques, des ingérences, de la désinformation, de l’instrumentalisation, des manipulations, des pressions économiques … Et Poutine ne reculera pas.
La question n’est donc pas vraiment de partir en guerre, mais d’engager une réflexion globale, de se réarmer militairement, mentalement, de se préparer. De se rendre compte, pour l’Europe, que les Etats-Unis ne sont plus le parapluie qui les abritait depuis des dizaines d’années.
Le 2 mars à Londres, le Premier ministre polonais Donald Tusk, ex président du Conseil européen, dénonçait un paradoxe : « 500 millions d’Européens demandent à 300 millions d’Américains de les défendre contre 140 millions de Russes. Pouvez-vous compter ? Comptez sur vous-même. Commencez à compter sur vous-même » (…) « l’Europe doit comprendre sa force ».
Il ya sept ans, dans son discours à la Sorbonne, le nouveau président français, Emmanuel Macron, alors qu’il n’y avait pas de bruits de guerre, alertait déjà « d’un désengagement progressif et inéluctable des États-Unis » sur le continent après l’élection de Donald Trump. Il affirmait qu’« en matière de défense, notre objectif doit être la capacité d’action autonome de l’Europe, en complément de l’OTAN ».
Objectif inchangé aujourd’hui. Reste à trouver l’argent…