« Celui qui se lève pour te tuer, précède-le et tue-le », tel est le mantra de Benjamin Netanyahou qui persiste au Liban. De nouveaux bombardements ont eu lieu ce dimanche et au moins un commandant de haut rang a été tué. Assuré du soutien indéfectible des Etats-Unis et profitant de la période électorale américaine, le Premier ministre de l’Etat hébreu poursuivra son offensive, au besoin terrestre, jusqu’à ce que le Hezbollah soit mis hors d’état de nuire au plan militaire et politique. Ses premiers succès constituent, dit-il, un « tournant historique ». Pas impossible. D’ailleurs, les pays arabes, qui s’insurgent et mettent en avant leur opposition à Israël, ne sont pas, au fond, mécontents des déboires du Hezbollah chiite, bras armé et outil de l’Iran qui n’est pas forcément leur ami. Mais rien n’est écrit…
A Beyrouth, les pro-Parti de Dieu jurent que leur combat va se poursuivre, que le mouvement conserve des capacités de frappes. D’autres Libanais, sunnites et chrétiens nourrissent un rêve, celui du renouveau de leur pays enfin débarrassé de l’emprise de Nasrallah. Ce puissant chef pouvait tout bloquer, empêchait l’élection d’un président et la prise de décisions qu’il n’approuvait pas. Loin de la démocratie. Le pays du cèdre pourrait redevenir la Suisse du Moyen- Orient.
Ce n’est pas si simple, le Liban est un pays failli, le paradis s’est depuis des années transformé en enfer. La classe politique, issue des milices combattantes de la guerre civile de 1975, est autocentrée, corrompue. Le système bancaire, naguère une fierté, s’est effondré, les capitaux ont fui et la pauvreté touche plus de 80% de la population. Le conflit en cours a fait fuir de chez eux un million de personnes ( sur 5,5 millions d’habitants) et le Programme alimentaire mondial cherche 105 millions de dollars pour les aider.
Seul, le Hezbollah était, est encore riche, financé par l’Iran et par des trafics de drogue. Selon les services secrets américains, la fortune du leader Hassan Nasrallah s’élevait à près de 250 millions de dollars.
Pas si simple donc. Si les Libanais peuvent rêver, la réalité est dure. Pour la dépasser, il faut un sursaut, une recomposition politique, la volonté d’arriver à un consensus pour cette renaissance entrevue. Pour l’heure, le Liban est encore dans la peur et l’inconnu. L’avenir s’écrit plutôt à Tel Aviv et Téhéran.