« On n’arrête pas Voltaire ».
On n’arrête pas Sartre,
On n’arrête pas Nourddine Boutard.
Loin de moi l’idée, ridicule, de comparer le directeur général de Radio Mosaïque au père de l’existentialisme, ni, encore moins, à celui des Lettres philosophiques. Ayant cependant remarqué que le président Kais Saied aime à évoquer le Général De Gaulle et parfois même à le citer, la tentation d’oser un parallèle s’est imposée naturellement à moi.
« On n’arrête pas Voltaire » est une phrase de De Gaulle par laquelle il visait en fait Jean-Paul Sartre , même si l’on ne sait avec exactitude s’il l’a dite pendant la guerre de l’Algérie en 1961, ou pendant la révolte de Mai 1968, car dans les deux cas l’écrivain de « l’Etre et le Néant » avait joué un rôle prépondérant et s’était radicalement opposé au pouvoir et ouvertement au Président de la République. Mais De Gaule refusa l’arrestation du philosophe, laissant comprendre à ses conseillers les plus zélés que la mise aux arrêts de Sartre était une ligne rouge à ne pas franchir. Comme Voltaire, Sartre était aux yeux du fondateur de la 5ème République un symbole. Celui de la liberté d’expression dans ce qu’elle avait, dans ce qu’elle a, et aura toujours de fondamental et de manifeste, c’est-à-dire l’expression d’une idée sans entraves et sans risques d’être inquiété.
Sans prétendre à l’envergure d’un Sartre, Noureddine Boutar dont tout le monde connait et apprécie la modestie et la simplicité, est un symbole. le symbole de ce seul acquis réel né de cette Révolution tunisienne aujourd’hui dépréciée, malmenée, voire trahie: la liberté d’expression.
Professionnel reconnu, Boutar a réussi à créer la première radio libre et en a fait, en un temps record, la première station du pays en termes de popularité et d’audience. On peut aimer ou ne pas aimer les choix de certains de ses programmes, mais une chose est sûre: Radio Mosaïque a grandement contribué à la modernisation et au développement du travail radiophonique, particulièrement sur le plan de l’information, son traitement et sa présentation. Mosaïque est devenue le symbole de cette Tunisie nouvelle aspirant à la liberté, à la démocratie. À la modernité, tout simplement.
Je ne sais de quoi Boutar est accusé. Il n’est certes pas au dessus de la loi, mais la façon dont il a été appréhendé et le moment de son arrestation laissent planer une impression mauvaise pour le pouvoir, pour la crédibilité du pays, pour l’image de tout un peuple.
Et puisqu’on on a évoqué Sarte, rappelons cette expression de Camus: » qand elle est libre, la presse pourrait être bonne ou mauvaise. Quand elle n’est pas libre, elle ne peut être que mauvaise ».
Fini le temps de la censure et des censeurs. Si l’on réprime aujourd’hui la bonne information, même si elle ne nous plaît pas, on aura assurément les mauvais réseaux sociaux, avec leur flots d’injures, d’insultes… et de haine.
rejetant toutes velléités d’autoritarisme, le Président Saied prenait à son compte, il y a quelques mois, lors d’une déclaration à une chaine télévisuelle française, cette phrase célèbre du non moins célèbre Général: » je ne vais pas commencer une carrière de dictateur à l’âge de soixante ans ». On ne demande qu’à vous croire monsieur Le Président.
Mais en attendant, libérez Noureddine Boutar. On ne met pas des journalistes aux arrêts dans les démocraties. C’est une erreur. non: une faute!
RépondreTransférer |