Avec 57% des voix, elle a nettement battu son rival Rishi Sunak, mais les chiffres ne plaident pas en faveur de Mary Elizabeth Truss, dite Liz. Six de ses électeurs sur dix auraient aimé que Boris Johnson reste en place et un sondage indique que 52% des Britanniques pensent qu’elle sera une piètre Première ministre. Un autre que seuls 21% l’estiment compétente.
Avec Liz Truss, les Britanniques auront, à Downing Street, une pâle copie, un Boris Johnson beaucoup moins drôle, écrivaient les journaux avant le vote de quelque 160 000 conservateurs. Moins drôle mais avec un parcours tout aussi tordu, particulier que l’original qui de Bruxelles encourageait l’hostilité à l’Europe. Liz Truss qui a grandi dans une famille très à gauche n’a jamais hésité à changer d’avis pour se faire élire, se rapprocher du pouvoir. Elle a été pour le cannabis et a souhaité la fin de la monarchie, elle a voté pour le « remain » contre le « leave », mais une fois la sortie de l’UE approuvée, elle s’est transformée en farouche défenseuse du brexit qui libérait la Grande-Bretagne qui allait retrouver sa grandeur.
Au gouvernement depuis dix ans, elle est passée par l’Éducation, l’Environnement, la Justice et l’Économie avant d’arriver aux Affaires étrangères en 2016. Elle a « une ambition bien supérieure à ses compétences » note John Henley, le correspondant du Guardian en France. Liz Truss, qui se déplace toujours avec son photographe personnel, aime faire penser à son modèle Margaret Thatcher. La même manière de s’habiller, des photos dans les mêmes poses, notamment avec une chapka sur la place rouge à Moscou, des voix des conservateurs plus âgés qui se souviennent de l’âge d’or du parti… Elle aime la fête, le vin blanc, le fromage, le karaoké et la danse. Mais pas à Downing Street où son look pourrait changer….
La nouvelle Première ministre qui sera reçue ce mardi à Balmoral par la reine arrive dans un moment difficile pour son pays qui connaît des grèves massives en raison de la forte montée de l’inflation (14% à la fin de l’année ?). Un « été du mécontentement » auquel elle entend mettre fin. A peine élue, elle a répété sa promesse : « je vais agir immédiatement sur les factures et l’offre d’énergie car je pense que cela va de pair ». Mais, elle n’a rien dit des mesures qu’elle prendra ni de la réforme fiscale qu’elle veut engager dans un mois. 65% des Britanniques jugent qu’elle est en décalage avec la réalité et se demandent comment elle pourra faire baisser les factures alors qu’elle veut baisser les impôts et les taxes, et favoriser la croissance.
Comment aussi mettre fin aux grèves en affirmant qu’ elle « ne laissera pas le pays se faire rançonner par des syndicalistes ». A l’instar de Maggie, elle veut rendre les grèves plus difficiles, engager des intérimaires pour remplacer les grévistes…
« Il faut s’attendre à ce qu’elle fasse des choix risqués » estime le directeur du think tank Institute for Economic Affair qui souligne qu’elle est comme Boris Johnson : elle campe sur ses positions jusqu’à ce qu’elle en défende d’autres.
Cet après-midi, elle a voulu rassurer les siens en promettant de tout faire pour une victoire aux élections de 2024. Le pays pressent plutôt une victoire travailliste. Les mois qui viennent pourraient réserver des surprises, y compris du côté de Buckingham.