La mission des enquêteurs de l’Organisation mondiale de la santé en Chine est ultra sensible. Pékin a longtemps retardé son arrivée et lors des quelques jours de travail qui ont suivi sa quarantaine, la police a pris bien soin d’empêcher les contacts non prévus et d’écarter les journalistes. Si le premier rapport laisse beaucoup de questions en suspens – et ce n’est pas anormal – notamment sur la provenance du virus et son origine, il est vraiment peu convainquant d’écrire qu’il n’existe » aucune preuve d’une circulation antérieure » à décembre 2019 du virus hors de Chine. C’est rayer bien vite les déclarations d’athlètes de plusieurs pays qui disent avoir souffert des mêmes maux que ceux du covid après les Jeux militaires à Wuhan en octobre 2019 et les études, dont celles menées à l’hôpital de Colmar en France, qui prouvent que le virus circulaient déjà en France en novembre. A Colmar, il aurait été apporté par des touristes chinois venus, y compris de Wuhan, après avoir vu à la télévision une émission culinaire qui se déroulait dans la cité alsacienne.
On peut se demander si Trump n’avait pas quelque part raison quand il affirmait que l’OMS était une « marionnette » de la Chine. Politicien de carrière, le docteur éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus a été élu à la tête de l’OMS en 2017 grâce au soutien actif de Pékin. Quand il était membre du bureau politique du Front de libération du peuple tigré (TPFL), puis au ministère de la Santé et à celui des Affaires étrangères jusqu’en 2016 à Addis-Abeba, Tedros a beaucoup travaillé avec la Chine…
Si l’on est en droit de douter de sa crédibilité politique de l’OMS, ses avis médicaux peuvent être pertinents même si elle s’est plantée sur le port du masque qu’elle a commencé par déconseiller. Aujourd’hui, elle avertit que si le nombre de cas était en baisse, «l‘écrasante majorité des pays européens reste vulnérable», et met garde contre «un faux sentiment de sécurité» à cause du nombre encore faible de vaccinés. Le directeur Europe de l’OMS, Hans Kluge a affirmé en début d’après-midi que«si nous n’arrêtons pas la transmission maintenant, les bénéfices attendus des vaccinations dans la lutte contre cette pandémie pourraient ne pas être évidents». 1,3% de la population européenne a, à ce jour, reçu les deux doses d’un vaccin.