La course de vitesse engagée en Ukraine semble mal partie pour l’Ukraine qui ne recevra pas tous les armements réclamés par Volodymyr Zelensky pour remporter la victoire, y compris en Crimée. Les chars lourds, les moyens de frapper à une centaine de kilomètres à l’intérieur de la Russie, ce n’est pas pour demain. Rien indique cependant que la Russie prendra l’avantage.
« Nous devons faire plus et des tanks doivent être livrés » a déclaré à Kiev le président du Conseil européen Charles Michel. Le secrétaire général d l’Otan Jens Stoltenberg a promis « des armes plus lourdes, plus modernes et un soutien accru » à Davos où, dans son message, Volodymyr Zelensky a réclamé une « action très rapide » car « la tyrannie avance plus vite ». Aujourd’hui, sur la base américaine de Ramstein, en Allemagne, la cinquantaine de pays amis de l’Ukraine a plutôt appuyé sur le frein en renvoyant à plus tard la décision sur la livraison de blindés lourds.
La liste des matériels déjà envoyés ou à livrer est longue et impressionnante, et elle est sans cesse rallongée. Un effort de quelque 150 milliards de dollars d’aide civile et militaire, un effort qui sera poursuivi. Quelques pays sont prêts à fournir des avions et d’autres des blindés lourds dès que Berlin, qui veut une décision commune avec Washington, leur donnera le feu vert. Quand et combien ? Kiev en souhaite 300, un chiffre énorme, un minimum selon des experts militaires pour prendre l’avantage sur le terrain. La technologie de l’Occident qui relance son industrie militaire, contre, répétons-le, la masse, la massivité russe.
Washington met en avant le temps de formation, la difficulté logistique du transfert. Certes, mais la question reste celle posée depuis le 24 février dernier : jusqu’où aller ? Les lignes rouges, ou prétendues telles, ont été dépassées, on frôle la co-belligérance et les Occidentaux s’interrogent sur les dangers d’une escalade et les risques d’utilisation de l’arme nucléaire par un Poutine défait et poussé à bout. Le conseiller de Zelensky, Mykhaïlo Podoliak, les supplient de « cesser de trembler devant Poutine ».
Pas si simple. S’il est évident que les amis de l’Ukraine sont dans l’obligation de poursuivre leur aide à moins d’accepter d’en avoir fait autant pour rien, s’il est tout aussi évident qu’une victoire russe risquerait d’amplifier les délires poutiniens, il est également sûr que ces amis doivent tenir compte de leurs opinions publiques facilement versatiles.
Ne pas oublier non plus qu’on peut retourner le proverbe latin « si tu veux la paix, prépare la guerre » en « quand tu fais la guerre, prépare la paix ». Attendre, peser le pour et le contre, réfléchir. Aider jusqu’à la victoire ukrainienne, oui mais en mesurant bien chaque pas.