Les appels presque désespérés de Volodymyr Zelensky à Washington et aux 27 de l’Union européenne n’ont pas porté leurs fruits et l’aide espérée n’est toujours pas débloquée. Sur le terrain, la réalité demeure la même : les Russes sont à l’offensive sur les 1 200 kilomètres de front au prix de lourdes pertes et les Ukrainiens résistent bien sans pouvoir, pour l’instant, faire mieux que tenir. Dix obus russes pour un ukrainien…
Faute d’aide suffisante, les hommes de Zelensky ne peuvent renverser la situation et la question demeure posée : les alliés de Kiev vont-ils offrir la victoire à cette Russie qui se veut invincible mais qui ne va pas aussi bien que Poutine le prétend ? La réponse reste non, même si la donne change : il semble bien que Washington ne croit plus à la possibilité d’une victoire ukrainienne, mais espère seulement des succès forts et symboliques qui forceraient Moscou à négocier, Kiev étant en position de force. Plus question de reconquérir tous les territoires occupés ?..
Pour que ce scénario se réalise sur le terrain, l’aide doit se poursuivre. Les Occidentaux le savent et affirment rester « mobilisés ». Car le blocage actuel n’est pas directement lié au conflit. Aux Etats -Unis, les Républicains proches de Trump exigent des mesures et des dollars pour lutter contre l’immigration. Dans l’Union européenne, le populiste hongrois a réenfilé son costume de maître chanteur en réclamant les 21 milliards d’euros que Bruxelles refuse de lui verser en raison de ses manquements démocratiques. Jusqu’à présent, les 26 partenaires ont cédé et la Hongrie est rentrée dans le rang. Elle profite trop de l’UE – 3% de son PNB- pour la quitter…
C’est sans doute pour cela que le président ukrainien dit entrevoir des « signaux positifs ». Cependant, le déblocage prochain de l’aide à l’Ukraine ne résoudra pas tous les problèmes, ne répondra pas à toutes les questions. Que se passera-t-il si Donald Trump revient à la Maison Blanche? Quelle sera l’attitude de l’UE si les élections européennes de juin prochain renforcent les populistes et l’extrême droite qui aime bien la Russie de Poutine. Quelle sera l’issue des querelles politico-militaires à Kiev ? Cette année 2024 risque d’être décisive…
Ce n’est pas demain que l’Ukraine et la Moldavie, puis les pays des Balkans occidentaux vont intégrer l’UE, mais on sait déjà qu’il faudra impérativement changer le mode de fonctionnement, de prise de décisions.