Il y a des choses qui ne changent pas en Tunisie : le brouhaha incessant des marchés de la ville, l’odeur de fritures des gargotes qui longent les rues de la capitale, les tons verts douteux et jaunes criards de nos transports désuets…
Aussi loin que je m’en souvienne, ce sont les mêmes, intactes dans leur vétusté.
Les transports en communs en usagers comme en chanceux observateurs ont donné lieu à de curieux rituels : l’attente (libre à vous de la rentabiliser par la lecture, la pause-café de la journée, la remise en question de votre existence …). Faire la queue, chose plus ou moins admise dans le monde entier à l’exception de choisir la bonne pour la même porte de bus, métro ou encore taxi commun mais aussi une souplesse physique responsable de l’allongement de l’espérance de vie et de quelques hernies discales. Enfin une grande rapidité de réflexe développée par la nécessité d’éviter de se faire faucher par l’un ou l’autre des transports.
Alors à moins de concourir au patrimoine de l’Unesco, des REFORMES sont nécessaires.
La dernière remontant aux transports collectifs urbain et sur-urbain de 2005, qui rappelons le, consistait en des sociétés privées qui proposait au prix fort la rapidité et le confort. Depuis il ne manque plus que la couleur jaune sur ces bus délabrés par le temps et le travail intensif.
En 15 ans les gouvernements se sont enchainés et pour autant aucun ministre des transports n’a été cet homme ou femme qui a changé quelque chose. Pas même assez pour qu’on retienne un parti, un nom, un visage ou un mot.
Pourtant il semble que le prochain enjeu de société, d’économie, d’environnement se trouve sur nos routes.
Ainsi, que de productivité perdue dans les transports publiques: retard, désertion à l’avance du lieu de travail, école buissonnière pour les étudiants ou tout bonnement chômage pour les moins desservies.
Les conséquences ne sont pas en reste sur la ville, embouteillages à rallonge dû à la multiplicité des véhicules individuels, pollution, accidents, délabrements des routes …
Alors chers dirigeants, au lieu de politiques court-termistes, favorisant l’endettement de la population au travers des boîtes de leasing afin d’acquérir un moyen de locomotion, au lieu de favoriser l’endettement de l’état afin de payer les soins des conséquences de la pollution, osez l’action concrète et saisissez vous de ce problème, vous marquerez l’Histoire.
En effet, le développement, la modernité et la démocratie ne se mesurent pas aux nombres de voitures du pays, elle se mesure aux services que la politique publique apporte à sa population et aux réponses d’aujourd’hui pour les enjeux de demain.