« A Gaza, Israël a décimé le système éducatif dans son entièreté. Ils ont bombardé toutes les universités » et « visé de façon indiscriminée les civils s’abritant dans des écoles », s’est indignée Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, lors d’un sommet à Islamabad sur l’éducation des filles. « Je continuerai à dénoncer les violations israéliennes du droit international et des droits humains », a-t-elle affirmé, devant des dizaines de représentants de pays musulmans réunis dans la capitale pakistanaise. « Les enfants palestiniens ont perdu leurs vies et leurs futurs », a dénoncé Malala, « une fille palestinienne ne peut pas avoir le futur qu’elle mérite si son école est bombardée et sa famille tuée ».
Âgée de 27 ans, la prix Nobel 2014 vit au Royaume-Uni depuis son attaque en 2012 par les talibans pakistanais alors qu’elle rentrait de l’école. Désormais diplômée d’Oxford après avoir suivi un cursus de philosophie, économie et sciences politiques, elle lutte pour l’éducation des filles à travers le monde. En novembre 2021, la jeune femme, âgée de 24 ans, s’est mariée lors d’une discrète cérémonie à Birmingham avec Asser Malik, responsable de la Fédération pakistanaise de cricket.
A l’ouverture du sommet, le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif, a été clair : « le monde musulman, dont le Pakistan, est confronté à de grands défis lorsqu’il s’agit d’assurer un accès équitable des filles à l’éducation ». Et il a proclamé que « refuser l’éducation aux filles équivaut à rejeter leurs voix et leurs choix, tout en les privant du droit d’avoir un futur brillant ».
Le Pakistan est confronté à une grave crise de l’éducation, avec plus de 26 millions d’enfants non scolarisés, principalement en raison de la pauvreté, soit l’un des taux les plus élevés au monde, selon les chiffres officiels du gouvernement. Des dizaines de millions de filles ne sont pas scolarisées dans les pays à majorité musulmane, notamment au Bangladesh et au Nigeria. En cause, la pauvreté plus que la religion : les filles travaillent pour aider la famille ou sont mariées très jeunes car cela fait une bouche de moins à nourrir…
Malala Yousafzai a également attaqué l’Afghanistan qui n’ envoyé aucun délégué à Islamabad : « «Ne leur donnez pas de légitimité», a-t-elle lancé. «Pour le dire simplement, les talibans ne considèrent pas les femmes comme des êtres humains». «Ils dissimulent leurs crimes sous couvert de justifications culturelles et religieuses». Et elle a demandé aux représentants des 44 pays présents « d’élever vos voix, d’utiliser votre pouvoir. Vous pouvez montrer une vraie autorité ».
« Ceux qui disent que l’éducation des filles ne correspond pas à l’islam se trompent », a affirmé pour sa part Mohammed Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, un organisme considéré comme le bras diplomatique de l’Arabie saoudite.
Le Premier ministre pakistanais a indiqué qu’une Déclaration d’Islamabad sera signée, puis présentée à l’ONU, déclaration qui souligne « l’engagement commun de la communauté musulmane à rendre autonome les filles via l’éducation, ouvrant la voie à des réformes éducatives inclusives et durables, et à un avenir meilleur pour les générations à venir ».