Avec Mayotte, le nouveau Premier ministre français était mal parti : il avait préféré assister au conseil municipal de Pau plutôt que de participer, à Paris, à une réunion d’urgence sur la situation de l’île de l’océan indien et avait laissé entendre qu’elle n’était pas sur le sol national. Pas terrible…
Lundi soir, François Bayrou qui ne doute de rien, surtout pas de ses capacités, était content de lui après avoir, à Mamoudzou, annoncé une série de mesures pour rétablir tout ce dont Mayotte manque : électricité, eau, téléphone, internet, écoles, hôpitaux, sécurité… « Vous avez entendu les applaudissements des élus. C’est pas fréquent. Ils trouvaient que les réponses que nous avons apportées correspondaient à leurs attentes ».
Il n’entend que ce qu’il veut, l’homme qui a forcé le président Macron à le nommer à Matignon. Toute la journée, lui et les cinq ministres qui l’accompagnaient, ont subi les récriminations et la colère d’habitants se sentant abandonnés par la France. Et beaucoup d’élus mahorais, s’ils estiment à l’instar de leurs collègues de la métropole que le plan « Mayotte debout » va dans le bons sens, se plaignent qu’il n’aille pas assez loin et assez vite même si des spécialistes de la reconstruction après catastrophe assurent que deux ans ne suffiront pas.
Ces élus critiques interrogent sur les moyens et posent des questions fondamentales : les bidonvilles, la sécurité et l’immigration. Pas de nouvelle île sans résolution de ces problèmes rémanents. Comment François Bayrou, qui refuse que Mayotte redevienne une « île bidonville », va-t-il s’y prendre alors que 40% de ces bidonvilles détruits ont déjà été reconstruits. Comment loger les 100 ou 200 000 illégaux qui y vivent ?
Comment également mettre fin à l’immigration clandestine ? Un recensement, le retour de patrouilles aériennes et maritimes, des renforts de gendarmerie permettront une meilleure lutte, mais peut-on envisager des expulsions massives ? Des Mahorais redoutent une montée de la violence…
Les élus mahorais, comme la députée Estelle Youssoufa qui regrette « une liste à la Prévert », ne sont pas exempts de reproches car ils n’ont pas non plus fait grand-chose pour le développement de leur département. Cependant, ils ont raison en affirmant qu’il faut aller vite, très vite, « mettre le paquet » pour que Mayotte soit « au niveau » français.
Pas simple d’autant que ce minuscule territoire attirerait encore plus ses voisins et que le premier ministre Bayrou pourrait être rapidement chassé de Matignon. Que deviendrait alors son plan ?