« Si vous n’êtes pas à la table, c’est que vous êtes au menu ». Cette expression fait florès quand on évoque les négociations sur l’Ukraine entre les Etats-Unis et la Russie. Ni les Européens ni les Ukrainiens ne sont conviés et les décisions qui les concernent sont prises sans leur accord. Et il faut bien constater que dans ce duo américano-russe, c’est Poutine qui mène la danse.
Tout se passe bien, claironne Washington alors que Moscou rappelle ses conditions. Ainsi, la trêve en mer Noire, n’entrera en vigueur qu’après la « levée » des restrictions occidentales sur le commerce de céréales et d’engrais russes. L’Europe n’a qu’à se plier. Et les bombes tuent toujours.
Qu’ils mangent ensemble ou seuls, l’Europe est au menu. En partageant par erreur avec un journaliste de The Atlantic des plans d’attaque des Houthis au Yémen, les officiels américains ont une fois de plus manifesté leur mépris des Européens. « Je déteste venir au secours des Européens encore une fois », déclare le vice-président Vance à l’intention du ministre de la Défense Hegseth qui répond: « Je suis complètement d’accord, je déteste le comportement de profiteur des Européens. C’est pathétique”, mais il justifie néanmoins l’attaque pour « rouvrir les liaisons » maritimes et affirme que « nous sommes seuls à pouvoir le faire ». Il ajoute que des calculs sont en cours pour facturer les opérations américaines aux Européens.
Mais pourquoi les Etats-Unis frappent-ils les Houthis ? Ne serait-ce pas surtout pour aider Israël et affaiblir l’Iran ? Vance, Hegseth et Waltz ignorent sans doute la mission Aspides portée par l’Union européenne qui a été prolongée jusqu’au 28 février 2026 au moins. Au dernier bilan, plus de « 700 bateaux » ont été accompagnés et protégés par des navires européens durant leur transit entre la mer Méditerranée et l’océan Indien, a assuré l’UE. Aspides bénéficie évidemment aux Européens. Mais pas seulement. Elle sert aussi les Américains…. Bruxelles enverra-t-elle une facture à Trump qui, minimisant la fuite a requalifié les Européens de « profiteurs ». Méprisant tout ce qui n’est pas trumpien, il a traité le rédacteur en chef de The Atlantic de « tordu » et assuré que « tout le monde se fiche » de ce que publie le magazine.
La Russie, qui voit se réaliser son souhait d’être traitée d’égal à égal avec les Etats-Unis, professe le même dédain vis-à-vis de ses voisins européens. Le chef adjoint du conseil de sécurité de la Russie Dmitri Medvedev a établi le menu du repas partagé par les négociateurs : « des collations légères, choux de Bruxelles, Fish and chips britannique et coq parisien » avant le plat principal qui est « une côtelette à Kiev. »
Espérant ne pas être mangé, Volodymyr Zelensky est à Paris pour participer ce jeudi à un conférence réunissant 31 pays qui diront ce qu’ils sont prêts à faire pour aider l’Ukraine. Un pas de plus vers la création d’une force dite de « réassurance », supposant l’envoi de troupes pour maintenir une éventuelle paix. Du côté de Moscou, on parlerait plutôt de soldats chinois !