Le président Kaïs Saied s’en est pris violemment aux migrants subsahariens, au cours d’une réunion du Conseil national de sécurité, mardi 21 février. Il a annoncé des « mesures urgentes » pour faire face à un phénomène dont le but, selon ses propos, est de « transformer l’identité du pays », indique un communiqué de la présidence.
La venue en Tunisie de ce que Kaïs Saied nomme « les masses incontrôlées » venues du sud ont un objectif, a-t-il dit : transformer la Tunisie en « pays africain seulement » et l’arracher « aux nations arabo-musulmanes ».
Ainsi, pour le Président, il serait question d’une « entreprise criminelle ourdie au début de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie ». Mettant par ailleurs, en cause « des partis », sans préciser lesquels, d’avoir « reçu une grosse somme d’argent » après la révolution de 2011 pour « installer » les migrants subsahariens en Tunisie.
Le président Saïed s’est ensuite emporté contre la « violence », les « crimes » et les « actes inacceptables » dont l’immigration serait prétendument la source.
Il s’est enfin prononcé pour une action « à tous les niveaux, diplomatiques, sécuritaires et militaires » et à « une application stricte de la loi » sur les étrangers et le franchissement illégal des frontières.
Des propos profondément choquants par leur violence et disons-le: leur absurdité.
Kais Saied reprend mot pour mot une idéologie extrémiste: « le grand remplacement ». Cette théorie se distingue par son caractère complotiste et xénophobe. Développée en 2010 par l’écrivain français Renaud Camus, cette théorie affirme qu’il existerait en France un processus de substitution de la population française et européenne par une population non européenne, originaire en premier lieu d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. En somme du racisme à grande échelle et « sociologisé ».

Néanmoins si cette théorie peut paraître surréaliste à certains, elle a ses disciples et pas des moindres! Deux candidats à la présidentielle française: Eric Zemmour et Marine Le Pen.
Si la seconde s’en est éloignée pour lisser son image, Zemmour lui, en a fait son cheval de bataille. Alors comment ne pas s’étonner de lire dans un statut Facebook, l’ancien candidat français reprendre Kais Saied pour justifier sa politique anti-immigration, qui rappelons-le, ne visera pas que les subsahariens mais surtout les maghrébins et musulmans d’où qu’ils viennent.
Finalement, s’en prendre aux subsahariens, c’est s’en prendre à nous-mêmes. La Tunisie, aussi attachée soit-elle à sa culture arabo-musulmane, n’en reste pas moins un pays africain avant tout. Et ça ce n’est pas une idée, une tradition, une culture ou encore une idéologie… C’est de la science. Comme le dit le sage adage « On ne doit pas faire aux autres ce qu’on n’accepterait pas de vivre soi-même. »